L’autre François (partie2)

Il endosse la présidence de l’UDF en 1998 après avoir virevolté d’un parti du centre à un autre aux idéologies similaires. Il redresse ses rangs, certains troupeaux ayant voulu s’acoquiner avec des éléments extrémistes lors de certaines élections, il les exclut du parti. Ainsi, le parti Démocratie Libérale d’Alain Madelin va dorénavant mener sa barque de façon autonome. L’année suivante, le Parlement européen de Strasbourg l’accueille après avoir remporté le scrutin.

 

2002, une année qui vit au rythme de la présidentielle, comme il se sent habiter d’une force divine et ayant la certitude que son jour viendra, il se lance dans le grand bain. Ses débuts sont houleux, il stagne dans les méandres des sondages et progressivement, ses proches appellent à voter Chirac. Une attitude motivée par un manque de confiance flagrant et l’envie cupide de garder leur place. Les médias gardent en mémoire sa fameuse gifle donnée à un gamin des cités populaires, un geste réflexe alors que le chenapan lui faisait les poches. Son image s’affermit et les intentions votes remontent. Il finira 4ème avec un peu moins de 7%.

 

Jacques Chirac réinstalle ses valises à l’Elysée et à droite l’heure est à la réunion au sein d’une grande famille recomposée. On fait table rase du passé et on affiche un large sourire, un monde rempli de bisous, d’amitiés et où le bonheur dit « tu » à l’allégresse. Pour Bayrou, c’est un véritable coup de semonce, ses soutiens le lâchent les uns après les autres, attirés par le tourbillon UMP. François ne fléchit pas et résiste, il prouve qu’il existe.

 

Il s’affirme libre et indépendant, aucune force pour l’aliéner. Les propositions du gouvernement qui ne lui plaisent pas, sans hésiter, il les critique. Il va même jusqu’à voter des mentions de censure avec les socialistes pour prouver qu’il propose une troisième voie possible. Une forme d’attirance se forge dans l’électorat, l’UDF fait des bons scores aux élections inter mandats présidentiels, l’Union devient la 3ème force politique du pays.  Toutefois, chassez le naturel, il revient au galop, il soutient bons nombres de candidats UMP quand ceux-ci font face à des opposants socialistes, à l’instar de Juppé lors des municipales de Bordeaux.

 

En 2006, le 2 décembre, une date historique, pour la famille Bonaparte notamment, il se déclare candidat à la présidence. L’idée phare de sa campagne, un vaste gouvernement regroupant les talents venant de personnes de gauche comme de droite et du centre. Des ministres d’étiquettes différentes travaillant main dans la main, mettant de côté leur inimitié pour le bien de la France, prenant modèle sur le précédent gaullien d’après-guerre. A l’inverse d’il y a 7 ans, des petits candidats sans espoirs le rejoignent, comme Corinne Lepage, tout comme des personnalités médiatiques et politiques, Rocard, Kouchner, Allègre, Cohn Bendit, Arditi, Berléand, etc. Pourtant, des fuites, il y en a toujours, opérant encore la même trajectoire allant directement vers l’UMP. En outre, il est désavoué par les Anciens de l’UDF, Valérie Giscard d’Estain et Simone Veil qui le qualifie même de « pire d’entre nous ».

 

Au soir du premier tour, il crée la surprise, 3ème homme inattendu avec presque 19% des voix, il se fait désirer par Ségo et Sarko. Tous deux déploient leur plus beaux atours, font les paons, alignent les promesses alléchantes, les enveloppes ministérielles, des circonscriptions mais rien n’y fait, droit dans ses bottes, il appelle ceux qui l’ont suivi à voter blanc.

 

Comme après une grosse fête, dans l’euphorie du moment, le MoDem apparaît, fruit d’un élan populaire qui ne se reconnaissant ni dans le candidat de droite ni dans celui de gauche. La couleur orange, entre le rouge et le jaune, est choisie pour être leur symbole. Les élections suivantes sont un fiasco, 4 députés au législatives et François Bayrou rate le coche à la mairie de Pau. Les défections continuent, les critiquent, sur sa mauvaise gestion du parti, fusent. Le MoDem fonctionne comme une secte complétement centrée sur son chef et son avenir national. Il sait écouter les contestations, les prend en note et réorganise le parti. La manœuvre s’avère payante, il est réélu chef du Mouvement avec un score de dictateur africain, 99%. Comme plébiscite, on ne fait pas mieux.

 

2012 est là et la place de Président de la République est ardemment disputée. Son programme prévoit de développer les perspectives en faveur de l’Europe car, selon lui, elle est un tremplin qu’il ne faut pas rater pour ne pas s’écrouler. Le Parlement doit devenir un réel contre-pouvoir face à l’Exécutif, il ose même parler d’une éventuelle VIème République. Il souhaite que les régions aient plus de prérogatives, on ressent là son amour pour le terroir et les richesses locales. Sur la question de l’immigration, il faut prendre le problème à la racine, pour éviter à des personnes de prendre des risques inconsidérés afin de parvenir jusqu’en Europe, il défend l’idée d’améliorer les conditions de vie dans le pays de départ.

 

Féru d’Histoire, une matière qu’il a étudiée, il même publié des ouvrages sur la vie des rois, il désire et est persuadé qu’il y entrera par la grande porte un jour ou l’autre. C’est tout le mal que l’on lui souhaite.