La Rançon de la Gloire, le film de Xavier Beauvois

 

 

Inspiré de faits réels, "la Rançon de la Gloire" revient sur un épisode d’outre tombe autour de Charlie Chaplin. En effet moins de trois mois après le décès de ce dernier, son cercueil disparaissait du cimetière suisse où affluaient pour s’y recueillir nombreux de ses admirateurs. Le versement d’une rançon conséquente était la condition sine qua non pour la restitution du larcin par les profanateurs, deux immigrés, un Polonais, un Bulgare. 

Sous forme de fable rocambolesque, Xavier Beauvois revient sur cette tragédie nous la déclinant avec "gravitude" et légèreté, histoire d’honorer la mémoire de Charlot. Eddy le Belge, (Benoît Poelvoorde), un détenu qui aussitôt sa liberté reconquise, atterrira chez son vieil ami, Osman l’Algérien, (Roschdy Zem). Osman, employé à l’éclairage dans un patelin suisse a quelque chose de Jean Valjean. Il vit de peu dans sa vieille roulotte avec sa petite famille : Noor sa femme et Samira sa fillette. L’hôte n’est pas au meilleur de sa forme depuis l’hospitalisation de sa femme à grands frais et la présence de ce "frère d’infortune" ne peut que le réconforter. D’autant que Samira trouve en Eddy le littéraire un indéniable soutien scolaire. 

Veillée de Noël dans la roulotte. La quiétude, la joie ne sont pas vraiment au rendez-vous malgré les exploits du Belge au grand coeur : décorer, cuisiner, équiper la roulotte d’un téléviseur en guise de cadeau  ! Alors que devant la télé se morfond en silence Osman incapable de payer les soins médicaux de Noor, Eddy sensible au marasme de la situation explose soudain de joie ; voilà qu’à travers le reportage sur Chaplin il découvre le schmilblick : le précieux cercueil de Charlot pour décrocher la lune ! Et de s’extasier sur ses neurones à même de pondre une "telle idée" que la victime en personne, amie des sans dents, n’aurait sans doute pas trouvée blâmable. 

Après moultes hésitations, Osman cautionne le projet. Vient le temps de l’élaboration du plan suivi de celui de son exécution. Munis de pioche, de pelle , Eddy et Osman vont au cimetière en plein nuit. Après la laborieuse  exhumation du cercueil sur fond de musique envahissante, il nous faut supporter, l’inhumation  dans un autre lieu. Un ennui que ces séquences ponctuées de suspense précédant l’arrestation. A la longue, elles finissent par altérer chez certains la syncronisation cognitive ! La musique prend le dessus sur les dialogues et les gestes sur les dialogues. Un fiasco aux origines imprécises… 

Pour compenser il y a toutefois quelques pépites de poésie, d’humour, suite à l’improbable révélation qui sous tendra une partie du film :  Eddy découvrira sa vocation pour le cirque, son salut ;   l’occasion de rendre un bel hommage à Charlie Chaplin. Le talent de Benoît Poelvoorde et de Roschdy Zem diluent un peu la fadeur de Nadine Labaki, (Noor). Peut-être que les conditions actuelles ne sont pas optimales pour apprécier à sa juste valeur ce film…

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