la culture Ouïghoure trinque de son désir d’indépendance

Une nouvelle de l'AP , communiquée à la date du 10/4/2008, traite de l'annonce, par le Porte parole du Ministère de la Sécurité chinoise, Wu Heping, de "l'arrestation d'un réseau criminel pour avoir enlevé des membres et des futurs participants des Jeux Olympiques…"

Il met également l'attention, à la fin de la dépêche, sur la culture Ouïghoure et la menace qui pèse sur ce peuple.

Cette Ethnie sans doute d’origine turco-mongole vit actuellement en Asie Centrale, la plus grande majorité résidant dans la province autonome du Xinjiang, au sein de la République Populaire de Chine.
Une autre partie des Ouïghours vit au Kazakhstan et en Ouzbékistan.
 
Les origines de la culture Ouïghoure remontent à 840, date à laquelle les Xiajiasi, peuple de la Chine antique, lancèrent des attaques pour supprimer le Khanat Huihu. La majorité de sa population migra alors vers l’ouest, jusqu’aux contrées occidentales ; et plutôt que de vivre en nomade, elle s’y installa pour exploiter l'agriculture.
Avec le temps, elle s’assimila avec les habitants autochtones des anciennes principautés situées dans la région voisine du bassin du Tarim, les Han, qui s'étaient eux-mêmes réfugiés dans les contrées occidentales à l’époque de la dynastie Han ; ainsi qu'avec les Tubu, les Qidan, et les Mongols migrant plus tard.

Au début du 13e siècle, une communauté « Wei-Wu-Er » de l’époque contemporaine s’est formée.

L’ethnie Ouïghoure en est issue.

Culture construite à la croisée des orients, la langue Ouïghoure appartiendrait à la famille des langues turques relevant du système linguistique altaïque. Les Ouïghours emploient pour noter leur langue l’alphabet arabe.
Attention, donc, à ne pas confondre avec la langue arabe, toute langue employant l’alphabet arabe n’étant pas forcément de l’arabe, de même que tous les musulmans ne sont pas arabes (comme d’ailleurs tous les arabes ne sont pas musulmans !).

La culture des Ouïghours, très riche, développe au quotidien des activités culturelles et sociales, appelée Mei-Xi-Lai-Fu (chants, danses, ballades, poème récités), et qui sont organisées en public au sein des populations.
En matière linguistique, le Grand Dictionnaire de Langue "Tujue, Kutadgu Bilig"  ( "Bonheur, Joie, Sagesse"), ainsi que de nombreux ouvrages anciens, ont enrichi et contribué au patrimoine culturel chinois.
Sur le plan musical, la musique classique, divers genres de chants et danses, ainsi que de nombreux instruments de musique, en font une ethnie réputée et talentueuse.
Dans le domaine des sports, les Ouïghours sont également très doués et très diversifiés : la prise du bouc, le Darwaz (danse sur une corde raide aérienne), la balançoire, la lutte, etc.

Leur Religion s'est développée dès l’antiquité ; ils ont pratiqué le Chamanisme, le Manichéïsme, le Nestorianisme, le Zoroastrisme et le Bouddhisme. Depuis le début du Xème siècle, ils ont été convertis à l’Islam, principalement dominé par le courant Soufi, forme modérée  de l’Islam.

Sans doute exacerbée dans le contexte international, on assisterait dans cette petite province de Chine, depuis les attentats du 11 septembre 2001, à l’émergence de certains groupes extrémistes, tel que  le Mouvement Islamique du Turkestan Oriental, visant à créer un état islamique, et qui est considéré par les Nations Unies comme étant une organisation terroriste.

Cependant, en même temps, le Département d'État indique que les autorités chinoises, inquiétées par leur volonté de séparatisme, auraient depuis longtemps mis en place, dans cette région du Xinjiang de la Chine, des systèmes légaux et d'éducation pour éradiquer la culture et la religion Ouïghour.

En dépit de certaines bonnes volontés de Beijing, la culture Ouïghoure serait bel et bien menacée par les migrations internes de la Chine, à savoir que l’important transfert de populations de chinois Han menacerait à court terme le particularisme culturel de la région. Ainsi, la capitale du Xinjiang, Urumqi, est devenue une ville entièrement chinoise, en dépit des efforts de Beijing visant à maintenir la culture Ouïghoure.

Il serait dommage, qu'à nouveau, tout un peuple désirant son indépendance serve de bouc émissaire. D'autant plus que cette région autonome sur le plan économique, en plus de sa vocation agricole, dispose de beaucoup d'atouts et d'attraits : touristiques (villages-oasis de l'ancienne route de la Soie), industrielles (hydrocarbures), …

3 réflexions sur « la culture Ouïghoure trinque de son désir d’indépendance »

  1. Bonjour Cat Lef,

    Je n’avais pas vu ton très intéressant article sur cett erégion dont j’ai finalement parlé après toi.

    En effet le Xinjiang est particulièrement maltraité.

    Bravo pour cet article 😉

  2. p/Blaise :
    et moi…, je n’aurais même pas vu votre petit message si je n’avais pas eu l’idée d’aller faire un petit tour d’horizon sur chacun de mes articles.

    merci, Blaise, c’est très gentil de votre part.

    Je vais aller à la recherche de votre article sur ce sujet. Le problème des minorités ou des populations éclatées m’intéresse toujours beaucoup.

  3. [img]http://www.blogoutils.com/images/a1.gif[/img] Et moi, j’étais ou le 14 avril, pour n’être pas venue sur cet article ?
    Pas le temps de commenter, mais rien que la venue de BLAISE sur l’article, lui confère des « Lettres de Noblesse »!!!!

Les commentaires sont fermés.