« J’ai la mémoire qui flanche…

Je ne me souviens plus très bien. » chantait Jeanne Moreau avant que sa voix ne s’éraille et en fasse un de ses traits identitaires. La mémoire est une chose complexe, un domaine fascinant et dont la portée a de grandes conséquences sur la vie de toute à chacun. Il y a encore peu, la terrible maladie d’Alzheimer faisant l’actualité et était la grande cause choisie par le gouvernement.

 

Il n’y a jamais trop de bruits pour alerter, pour communiquer, pour que cette affection ne soit pas oubliée. Les souvenirs sont étranges, ce sont des images, des odeurs, des sensations qui restent comme « sauvegardées » dans notre être. Le temps a le cruel effet de les aliéner, les modifier, les mauvais souvenirs se bonifient et les expériences du passé sont rangées comme des photos dans un album. Sauf que cet album s’abîme et touche les éléments qui le contiennent.

 

On a tous, dans notre cerveau, des milliers de données stockées que l’on fait revivre dès que l’on a en a besoin. Certaines de ces informations servent à la vie de tous les jours, des choses toutes simples, les premiers acquis, tels que la parole, boire, manger ou marcher. Puis, en grandissant, on se crée des cellules se remplissant des épisodes de notre vie, agréables ou non.

 

Avant que l’on mette un nom sur cette sinistre descente aux enfers, on parlait de démence, de folie ou encore de délire touchant les personnes âgées. La science, avec toutes les grandes avancées qu’elle a connue au cours des deux siècles derniers, a réussi à transformer cet attentisme face à cette névrose de l’esprit en une véritable maladie. Le patient, face à ce malheur, est comme un rocher qui s’érode doucement, mais surement, avec le vent.

 

Au premier stade, il y a des petits oublis comme éteindre la lumière en quittant la pièce ou rater l’horaire de notre émission préférée. On prend sa à la légère mais de façon répétée, cela devient vite problématique. Le neurologue, que l’on doit consulter, fait passer des tests de mémoire, de repérages spatio-temporels et de rangement dans un ordre déterminé, le tout est chronométré. Généralement, les résultats sont concluants.

 

Cependant, les troubles continuent, les omissions sont de plus en plus fréquentes et dans des proportions plus importantes. L’entourage peut se mettre à rire en voyant, par exemple, une chaussure mise dans le réfrigérateur ou un pull enfilé à l’envers. Les tests sont moins bons, le score diminue et le timing s’accroit.

 

La dérive persiste et les défaillances de la mémoire grandissent. La mémoire à court terme disparait, les dates, les numéros de téléphone, les adresses s’évanouissent dans les méandres du subconscient. Les plus anciens souvenirs, ceux qui paraissaient inaltérables, sont atteints, se mélangent et se confondent.

 

« Mais qui êtes-vous ? », « Quel est votre nom ? », « Je veux rentrer chez moi ! », voilà des phrases qui sortent des patients dans un stade avancé de la maladie. Perdus dans la réalité, voulant se réfugier dans une époque qui n’est plus.

 

Il est triste de voir comment un homme, ou une femme, peut se transformer à cause de ce fléau. Un être, si intelligent, loquace, fin, soit-il, devient l’ombre de lui-même. Un mort vivant ayant besoin constamment d’une aide extérieure.

 

Aujourd’hui, en France, plus de 700000 personnes sont atteintes d’Alzheimer. Dans un futur, pas si lointain, ce triste chiffre sera bien plus conséquent, vieillissement de la population oblige. Il est donc utile de se mobiliser pour éviter que notre Histoire ne se meure. Pour l’instant, aucun remède n’existe mais des traitements pour stabiliser la chute ont vu le jour avec plus ou moins de réussite.


Gardons tout de même en tête qu’oublier à des bons côtés, cela permet de faire le ménage dans notre « disque dur interne », empêché d’accumuler un tas de renseignements inutiles qui nous encombreraient plus qu’autre chose. Jouer les ignares peut parfois avoir du bon, notamment dans les circonstances épineuses.  

2 réflexions sur « « J’ai la mémoire qui flanche… »

  1. Bonjour,3 personne chez nous(en Belgique)sont mortes de froid,elles étaient perdues et leur mémoire très défaillante!Triste constatation!

  2. Un espoir peut-être :  » Un médicament contre le cancer pourrait permettre de traiter les patients atteints d’Alzheimer »
    [url]http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/un-medicament-contre-le-cancer-pourrait-permettre-de-traiter-les-patients-atteints-d-alzheimer-10-02-2012-1856612.php[/url]

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