J.Arthuis et J.L.Mélenchon : deux marqueurs de l’avancement du projet Bayrou

Jean Arthuis, sénateur, président de la commission des finances du Sénat et président du Conseil Général de Mayenne a annoncé ce week-end qu’il quittait le Modem de F.Bayrou. Le sénateur de Mayenne ne semble pas être un homme à agir de manière irréfléchie et à contrario de ses convictions. Cette décision semble plus que murie et cette défection n’est pas à mettre dans la même catégorie que les autres défections des ex-UDF.
Il n’est pas parti entre les deux tours pour assurer sa réélection aux législatives de 2007 ni pour prétendre à un poste de ministre ou secrétaire d’Etat alors qu’il aurait très bien pu y prétendre au vu du rapprochement de N.Sarkozy avec ses idées, notamment en ce qui concerne la TVA sociale dont J.Artuis est un grand défenseur et à laquelle N.Sarkozy avait fini par se rallier sous forme d’expérimentation à la fin de sa campagne. Il n’est pas non plus parti à l’approche des municipales pour obtenir une investiture UMP ni même pendant la campagne municipale afin de ne pas gêner le parti auquel il appartient.
On sent bien que ce départ est muri, réfléchi, qu’il a laissé sa chance au Modem. Il a tiré une première fois la sonnette d’alarme en novembre sur ce qui se passait au Modem, sur les dérives de F.Bayrou. Il en tire les conséquences en avril…

Ce départ, d’un poids autrement symbolique que les précédents, montre véritablement la rupture du Modem avec l’UDF. D’un parti de centre-droit, le Modem est en train de devenir un parti de centre-gauche qui sera au PS ce qu’il a été au RPR puis à l’UMP. Mais le calcul de F.Bayou est plus ambitieux : prendre la tête d’une opposition qui regrouperait les centristes et l’aile sociale-démocrate du PS. Ce calcul repose sur un constat simple et qui semble juste : le PS dans sa composition actuelle est mort depuis le référendum sur la Constitution Européenne et une large recomposition est à venir.
Dans ce calcul, il est intéressant de noter plusieurs contradictions de F.Bayrou sur la politique en général : l’influence de l’imaginaire américain, avec d’un côté, les démocrates (Bayrou et Royal) et de l’autre, les Républicains (les différents courants de l’UMP symbolisés par le Président) et également, l’acceptation inéluctable à terme du bipartisme dans le système de la Vème République. Dans un système à 3 puissances, il faut être l’une des deux selon l’expression de Bismark. Voila le problème de F.Bayrou : s’il veut être Président de la République, il doit être une des 2 forces dominantes, il ne pourra jamais prendre la tête de la droite comme l’avait fait Giscard, il fait donc le pari de prendre la tête d’une gauche modernisée.

2086467389.jpgUn bon indicateur de l’avancée du projet de F.Bayrou est la position du sénateur socialiste J.L.Mélenchon. Situé à la gauche du PS, il est un de ceux qui pourrait faire de la scission du PS une réalité et entrainer une large recomposition du paysage politique de ce côté de l’échiquier. Plus le PS et ses dirigeants tentent de se rapprocher du Modem, plus J.L.Mélenchon est tenté de quitter le PS pour une aventure à la Die Linkspartei en Allemagne. La vraie question serait dans ce cas de s’accorder sur l’Oscar Lafontaine français que J.L.Mélenchon ne semble pas vouloir être réellement.
Dans une interview à France Info, il explique son tiraillement entre un parti qu’il reconnait de moins en moins, qui n’évolue pas comme il l’espère mais un parti qui reste tolérant à son égard, puissant mais fragile. Son départ (avec d’autres) pourrait, comme il le dit, mettre à bas une construction de plus de 100 ans. Ce sur quoi compte très précisément F.Bayrou…
Cette interview est d’ailleurs très intéressante avec des prises de positions atypiques dans le contexte ambiant : sur le Tibet, sur les OGM et les lobbys, sur la laïcité ; l’influence des Lumières et des francs-maçons sur son engagement. Des positions sur lesquels on peut ne pas être d’accord mais qui ont le mérite de sortir de la polémique politicienne, de la petite phrase…Sur le Tibet, sa position est même plus qu’intéressante et mériterait que plus de personnes partagent sa lucidité, son réalisme et surtout sa capacité à ne pas faire des raccourcis si rapides sur des situations complexes.

Jean Arthuis, sénateur, président de la commission des finances du Sénat et président du Conseil Général de Mayenne a annoncé ce week-end qu’il quittait le Modem de F.Bayrou. Le sénateur de Mayenne ne semble pas être un homme à agir de manière irréfléchie et à contrario de ses convictions. Cette décision semble plus que murie et cette défection n’est pas à mettre dans la même catégorie que les autres défections des ex-UDF.
Il n’est pas parti entre les deux tours pour assurer sa réélection aux législatives de 2007 ni pour prétendre à un poste de ministre ou secrétaire d’Etat alors qu’il aurait très bien pu y prétendre au vu du rapprochement de N.Sarkozy avec ses idées, notamment en ce qui concerne la TVA sociale dont J.Artuis est un grand défenseur et à laquelle N.Sarkozy avait fini par se rallier sous forme d’expérimentation à la fin de sa campagne. Il n’est pas non plus parti à l’approche des municipales pour obtenir une investiture UMP ni même pendant la campagne municipale afin de ne pas gêner le parti auquel il appartient.
On sent bien que ce départ est muri, réfléchi, qu’il a laissé sa chance au Modem. Il a tiré une première fois la sonnette d’alarme en novembre sur ce qui se passait au Modem, sur les dérives de F.Bayrou. Il en tire les conséquences en avril…

Ce départ, d’un poids autrement symbolique que les précédents, montre véritablement la rupture du Modem avec l’UDF. D’un parti de centre-droit, le Modem est en train de devenir un parti de centre-gauche qui sera au PS ce qu’il a été au RPR puis à l’UMP. Mais le calcul de F.Bayou est plus ambitieux : prendre la tête d’une opposition qui regrouperait les centristes et l’aile sociale-démocrate du PS. Ce calcul repose sur un constat simple et qui semble juste : le PS dans sa composition actuelle est mort depuis le référendum sur la Constitution Européenne et une large recomposition est à venir.
Dans ce calcul, il est intéressant de noter plusieurs contradictions de F.Bayrou sur la politique en général : l’influence de l’imaginaire américain, avec d’un côté, les démocrates (Bayrou et Royal) et de l’autre, les Républicains (les différents courants de l’UMP symbolisés par le Président) et également, l’acceptation inéluctable à terme du bipartisme dans le système de la Vème République. Dans un système à 3 puissances, il faut être l’une des deux selon l’expression de Bismark. Voila le problème de F.Bayrou : s’il veut être Président de la République, il doit être une des 2 forces dominantes, il ne pourra jamais prendre la tête de la droite comme l’avait fait Giscard, il fait donc le pari de prendre la tête d’une gauche modernisée.

2086467389.jpgUn bon indicateur de l’avancée du projet de F.Bayrou est la position du sénateur socialiste J.L.Mélenchon. Situé à la gauche du PS, il est un de ceux qui pourrait faire de la scission du PS une réalité et entrainer une large recomposition du paysage politique de ce côté de l’échiquier. Plus le PS et ses dirigeants tentent de se rapprocher du Modem, plus J.L.Mélenchon est tenté de quitter le PS pour une aventure à la Die Linkspartei en Allemagne. La vraie question serait dans ce cas de s’accorder sur l’Oscar Lafontaine français que J.L.Mélenchon ne semble pas vouloir être réellement.
Dans une interview à France Info, il explique son tiraillement entre un parti qu’il reconnait de moins en moins, qui n’évolue pas comme il l’espère mais un parti qui reste tolérant à son égard, puissant mais fragile. Son départ (avec d’autres) pourrait, comme il le dit, mettre à bas une construction de plus de 100 ans. Ce sur quoi compte très précisément F.Bayrou…
Cette interview est d’ailleurs très intéressante avec des prises de positions atypiques dans le contexte ambiant : sur le Tibet, sur les OGM et les lobbys, sur la laïcité ; l’influence des Lumières et des francs-maçons sur son engagement. Des positions sur lesquels on peut ne pas être d’accord mais qui ont le mérite de sortir de la polémique politicienne, de la petite phrase…Sur le Tibet, sa position est même plus qu’intéressante et mériterait que plus de personnes partagent sa lucidité, son réalisme et surtout sa capacité à ne pas faire des raccourcis si rapides sur des situations complexes.

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