Israël – Liban – Syrie: cours sur le Proche-Orient N°1

L'histoire récente du Proche-Orient : cours n°1 Etant journaliste et vivant actuellement dans la région d'Israël (ce qui m'emmène au Liban, en Syrie, en Egypte en Jordanie et dans les Territoires sous contrôle palestiniens), je décide aujourd'hui de revenir sur les faits marquants de l'histoire de cette région. Je me suis permis d'appeler ces articles "cours" parceque ce qui va suivre n'est qu'un résumé des vérités historiques.

Certains ne seront pas d'accord avec moi et c'est leur droit. Si ces "cours" engagent un débat, j'aimerais que pour une fois, il soit enfoncé dans le respect de chacun. Enfin, je suis ni juif, ni musulman, ni chrétien (ni autre). Je ne suis pas un homme et pas une femme. Je ne suis ni pro-israélien, ni arabe. J'essaye juste d'expliquer objectivement l'histoire mouvementée de cette région.

Dernière chose, ces cours seront dans le désordre et seront écrit selon ma motivation. Donc s'il vous plait, pas de commentaires genre "Quoi que tu dises, tu es pro-ceci ou pro-cela". Cours n°1 : Sabra et Chatila Le 3 juin 1982, à Londres, un palestinien tire plusieurs coups de feu sur l'ambassadeur israélien en Grande-Bretagne. Ce dernier est très grièvement atteint et sans attendre les résultats d'enquêtes, Israël accuse l'OLP.

Cette dernière nie catégoriquement son implication dans ce coup de force alors qu'en temps normal c'est la première organisation à revendiquer tous les attentats anti-israélien. Plusieurs historiens et auteurs spécialistes de la question, dont Martin Van Creveld, mettent en cause Abou Nidal. Un terroriste "international" qui harcèle Israël et l'occident depuis une dix ans. Patrick Seal, reporter et biographe d'Abou Nidal confirmera plus tard cette version.

Il expliquera plus tard pourquoi ni la Syrie, ni l'OLP ne pouvait être à l'origine de cet attentat à l'arme automatique. D'un Côté Damas ne pouvait compter sur le soutient du Kremlin (Leonid Brejnev était à l'agonie) et l'OLP savait qu'elle avait tout à perdre en affrontant Tsahal en face à face direct. En outre, Menahem Begin alors premier ministre israélien ne cherche pas à en savoir plus et dès le lendemain, le 4 juin, bombarde les camps militaires palestiniens basés au Liban.

Ainsi, les accords militaires négociés par l'américain d'origine libanaise, Philip Habib, sont brisés. L'OLP est entraînée dans l'escalade en tirant aveuglément une vingtaine de salve d'obus sur les villages du nord d'Israël. Aussitôt, Ariel Sharon (nommé récemment ministre de la Défense), décrète la mobilisation générale et baptise l'opération "Paix en Galilée". Le 6 juin 1982, à 11heures précises, l'armée israélienne franchit la frontière libanaise.

Tsahal fait rapidement la jonction avec les troupes de l'ALS. Après deux jours de combat, la progression des troupes israéliennes se déroulent sur un rythme plus lent que prévu. Tout se complique lorsequ'il faut organiser le ravitaillement des troupes. D'autant que les hommes du génie militaire sont trop peu nombreux pour réparer les routes et les ponts effondrés. De leurs côtés, les brigades de l'OLP ont étés dispersées après le choc frontal des deux premiers jours.

Leurs feddayins se sont quand même regroupés et contrôlent beaucoup de villages où ils font leur maximum pour enrôler de nouveaux combattants. Dans la nuit du 10 juin, les forces syriennes au Liban lachent prises et cèdent du terrain.

A Damas, Hafez El Assad engage alors sa réserve stratégique au Liban. Il veut, par tous les moyens, colmater les brèches et tenir coûte que coûte, la route qui relie Damas à Beyrouth. Au matin, Tsahal et les troupes Syriennes s'attaquent violemment. La bataille est confuse. Les tankistes israéliens ont beau multiplier les assaults, les trois divisions en place piétinent devant le dispositif syrien.

A midi, un cessez-le-feu est négocié directement par les belligérants et entre sans tarder en vigueur. Sur la partie occidentale du front, l'intensité ne faiblit pas.Les milices progressistes libanaises et l'OLP s'acharnent contre Tsahal dans la banlieue de Beyrouth. La guerre reprendra du 15 au 21 juin jusqu'à la mise en place d'un nouveau cessez-le-feu. Cette armistice Israélo-Syrienne ne comprend pas la bataille organisée par les palestiniens de l'OLP et par les milices libanaises.

Entre douze et quinze mille feddayins, dont Yasser Arafat, sont cernés dans Beyrouth Ouest. Les généraux israéliens, conscient que 350.000 libainais sont tenus en otage dans la ville, hésitent à lancer l'assault. Sharon, allié au Phalangiste (chrétients libanais), demande donc à ces derniers (avec à leur tête les frères Gemayel), de prendre la capitale et de la nettoyer. La famille Gemayel refuse de faire le "sale travail", d'autant que les élections présidentielles approchent et que ces derniers souhaitent prendre le pouvoir démocratiquement.

En aucune manière les Phalangistes ne veulent se mettrent à dos les électeurs musulmans. Le 27 juin, Philip Habib propose une solution aux palestiniens : En échange de l'arret de l'offensive israélienne, ceux-ci déposeront leurs armes et quiteront Beyrouth sous la surveillance de la Croix-Rouge et sous la protection de l'armée syrienne. Yasser Arafat interprète cette proposition comme un signe de faiblesse de ses adversaires, aussi il rejettera avec véhemence cet accord en se déclarant prêt à combattre jusqu'à la mort.

Le 3 juillet, Sharon tire les conséquences de ce refus et décrète le siège de Beyrouth. Puisqu'Arafat refuse de déposer les armes, Israël va s'ingénier à accroitrre la pression militaire contre l'OLP et ainsi étouffer la résistance palestinienne. Fin juillet, Philip Habib retente sa chance et propose de nouveau un plan de paix qui doit aboutir à l'évacuation des feddayins de l'OLP.

La réponse viendra par les armes. A peine reçue, les deux parties souhaitent monter la pression pour obtenir une marge de négociation plus grande. Après avoir subi quelques pertes, les israéliens entrent dans Beyrouth. Les photographies de files entières de voitures aplaties feront le tour des agences de presse. Malgré leur supériorité militaire, Israël délègue aux milices chrétiennes le nettoyage de certains quartiers de la capitale.

Le 4 août, l'OLP compte 300 combattants tués ou blessés contre 19 tués côté israélien. Le plan de Sharon est pour l'instant efficace. Toutes les heures, l'étau se resserre autour des palestiniens. Sans trop de difficultés, les israéliens combinnent rapidité, puissance de feu et précision de tir. Des chars Merkava sont stationnés à chaque carrefour, capable de prendre en enfilade les avenues principales.

Le 12 août en début de soirée, les combattants palestiniens sont acculés de toutes parts. Le bilan est considérable puisque près de 7000 hommes sont morts. A ce moment là, l'OLP accepte le cessez-le-feu proposé par l'émissaire américain. Béchir Gemayel devient le nouveau président de la république. Ce dernier avalise le plan de retrait prévu par les américains et qui prévoit l'arrivé de 2000 hommes chargés d'encadrer le départ des feddayins. L'accord prévoit que chaque combattant pourra quitter le Liban avec son arme individuelle.

Des soldats français, américains et italiens surveillent que chaque feddayin monte dans un bateau à destination de l'Egypte, du Yemen, de la Tunisie, du Soudan ou encore de l'Algérie. Arafat quitte Beyrouth le 30 août pour la Tunisie avec une escale en Grèce. Dans un premier temps, la Tunisie avait officiellement refusée la venue du combattant sur son territoire mais sous la pression de la ligue arabe, le président Bourguiba reviendra sur sa décision initiale.

Le 14 septembre 1982, une bombe détruit le quartier général du nouvel homme fort libanais, Béchir Gemayel. Il est tué dans l'explosion. La mort du nouveau président libanais plonge de nouveau Beyrouth dans le chaos… La piste la plus probable reste celle de Damas, habitué à agir en sous-main et de manière ultra-violente.

De tous temps, sous Hafez El-Assad comme pendant les époques de ses prédécesseurs, la Syrie a toujours considéré le Liban comme partie intégrante de la Grande Syrie. Ainsi, sans disposer de preuves irréfutables (comme l'assassinat de Rafic Harriri en 2005), la communauté internationale pointe Damas du doigt.

Cet assassinat affûtera la haine des chrétiens envers Damas et les manifestations anti-syriennes et anti-palestiniennes se multiplieront. Le 15 septembre 1982, soit le lendemain ; le général et chef d'état major israélien, Eitan, se rend à Beyrouth pour y rencontrer la famille Gemayel. Il trouve avec eux un accord pour calmer la population et rétablir l'ordre dans le pays.

Tsahal surveillera notemment les quartiers ouest de la capitale libanaise tandis que les Phalanges chrétiennes inspecteront les camps de déplacés palestiniens situé à Sabra et Chatila. L'opération des Phalange "dérape" rapidement. Remonté à bloc après l'assassinat de leur chef, les Phalanges entrent le 16 septembre dans le camps de déplacés de Sabra et Chatila, au sud de Beyrouth. Simulant la présence de feddayins palestiniens, les chrétiens se livrent alors à de multiples exactions. Bout à bout, la communauté internationale parlera de massacre. Quelques diplomates occidentaux présents sur les lieux affirmeront que les quelques soldats israéliens présents sur les lieux accompagnaient les Phalanges en pointant du doigt quelques cibles. Plusieurs centaines de personnes sont abatues. Des hommes en armes, mais aussi deux dizaines de femmes et d'enfants. Certains soldats israéliens, écoeurés par l'ampleur du massacre, préviendront l'état major ainsi trois généraux se rendront sur place pour constater les dégats. L'attitude cynique des "mauvais" soldats choquent de nombreux cadres de l'armée qui se réfèrent au code de conduite du soldat israélien : "Les soldats n'utilisent leurs armes uniquement pour neutraliser l'ennemi et feront preuve d'humanité (…).

Ils feront tout ce qui est possible pour éviter de porter atteinte à la vie ou à la dignité d'une personne(…)." Le 18 septembre, les Phalangistes quittent Sabra et Chatila avec derrière eux un parterre de corps sans vies. La Croix-Rouge identifiera 460 victimes. En Israël, le choc de Sabra et Chatila marque les esprit dans une opinion publique dubitative sur la cohérence de cette guerre du Liban. Une commission d'enquête indépendante est mise en place le 1er octobre pour évaluer les reponsabilités israéliennes. Ytzhak Kahane, juge de la cour suprème, réputé pour son intégrité est en charge de ce dossier délicat. L'écrivain A. Yehoshua, connu dans le monde entier, écrira "Les unités israéliennes ne prirent pas part à la tuerie. Leur simple présence fournit cependant une simple couverture aux attrocités commises". Le choc est tellement grand que le 25 septembre, 400.000 personnes, soit un dizième de la population est réunie à Tel-Aviv sous les drapeaux de l'organisation La Paix Maintenant (Shalom Akhshav). Le 7 février 1983, le rapport Kahanne est rendu publique. Il conclut à la responsabilité indirecte de l'Etat d'Israël. Le rapport est très critique à l'encontre d'Ariel Sharon, le ministre de la défense puisqu'il "devrait tirer les conclusions personelles des failles de son action". Au Liban, la situation se stabilise lentement. Un accord de paix est conclu entre Jérusalem et Beyrouth mais le gouvernement libanais ne le ratifiera jamais.

De Jérusalem, Teilativi