Iran, nous voilà

Ça se précise, les amis. Inquiet depuis toujours de l'atlantisme forcené de Nicolas Sarkozy, nous avons d'abord observé, avant son élection, le ministre de l'Intérieur et candidat UMP se rendre une première fois aux Etats-Unis en 2006, à l'occasion des commémorations du 11 septembre. Il prononça alors un discours dénonçant une "arrogance française" à propos de l'opposition de la France à la guerre en Irak (la seule chose que Villepin ait faite de bien dans sa carrière politique !). Puis celui qui venait de se faire élire a rendu une visite privée au Président américain durant ses vacances estivales, pour partager hot dogs et hamburgers avec toute la famille Bush, avant de revenir aux Etats-Unis au début du mois de novembre 2007, en grandes pompes, pour faire officiellement allégeance devant le Congrès.

Il y a aussi l'Afghanistan. Jeudi 26 avril 2007, invité de l'émission "A vous de juger" sur France 2, Sarkozy se prononce en termes très clair pour le retrait de notre contingent militaire : "Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme. Mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive". Promesse de campagne ! Le 22 décembre 2007, le chef de l'Etat se rend en visite surprise à Kaboul où il déclare : "Tout ce qui nous amènera à renforcer notre présence pour aider les Afghans à prendre leur destin en mains, nous verrons ça avec un regard très positif. Ce qui est sûr, c'est que nous n'avons pas voulu donner le signal du départ, ça aurait été un signal détestable au moment où on voit les ravages que peut faire le terrorisme dans le monde". Vous connaissez la suite : il annonce le 27 mars, depuis la Grande-Bretagne où Carla Bruni capte toute l'attention médiatique – quelle pitoyable couverture journalistique : on s'en fiche qu'elle porte un tailleur gris, rose ou vert et qu'elle fasse ou pas la révérence à la reine d'Angleterre ! – que les 1600 soldats français en poste en Afghanistan vont recevoir le renfort de 700 hommes supplémentaires.

05_02_NatoIl y a enfin l'Europe et l'OTAN. L'article 27 du Traité de Lisbonne stipule : "la politique de l’Union respecte les obligations découlant du Traité de l’Atlantique Nord pour certains Etats Membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’OTAN, et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense commune arrêtée dans ce cadre". En moins ampoulé : la politique européenne devra être compatible avec celle de l'OTAN. De fait, l'Europe se range ainsi sous le commandement américain. C'est la fin de l'indépendance de la France, voulue par le général De Gaulle. Ce dernier, en 1966, avait claqué la porte de la structure intégrée de l'Alliance atlantique, pour ne pas être le vassal des Etats-Unis. Justement, à Bucarest le 3 avril, lors de la deuxième journée du sommet de l'OTAN, Sarkozy déclare : "Laissons cheminer l'Europe de la défense, et nous continuerons à cheminer vers l'Otan. Je le redis, ce sont les deux en même temps, pas l'un ou l'autre, attendons le sommet (de Strasbourg-Kehl)". Celui-ci se tiendra en 2009 de part et d'autre de la frontière franco-allemande, à Strasbourg et à Kehl, pour le soixantième anniversaire de l'Alliance atlantique. "A l'issue de la présidence française (de l'Union européenne, au deuxième semestre de 2008), le moment sera venu de conclure ce processus, et de prendre les décisions nécessaires pour que la France prenne toute sa place dans les structures de l'Otan" : cette phrase figurait dans le texte du discours remis à la presse, mais nicolas_sarkozy_se_recueille_devant_le_memorial_du_general_de_gaulle_a_colombey_les_deux_eglises_le_16_avril_2007le Président ne l'a finalement pas prononcée. Peu importe, l'Elysée confirme qu'une décision de réintégration du commandement militaire intégré pourrait être prise lors du sommet de Strasbourg-Kehl. Sarkozy va donc sacrifier l'indépendance nationale et renier toute la doctrine diplomatique française, parachevant ainsi son œuvre de traître à la patrie. Chirac et Villepin nous avaient préservé du guêpier irakien. American Sarko nous enlise dans le bourbier afghan, avant d'entraîner notre pays à participer à d'autres aventures néo-coloniales, visant sous de faux prétextes à mettre la main sur les réserves énergétiques. Iran, nous voilà.

7 réflexions sur « Iran, nous voilà »

  1. vive villepin !
     » la seule chose de bien  » ??? mais qu’est-ce que vous avez contre ddv ? et sarkozy c’est mieux peut-être ?
    il a augmenté le smic, la prime pour l’emploi, réuni les associations de consommateurs, aidé les endettés les plus pauvres, nous a éviter une guerre injustifiée, même soc CPE c’est rien du tout ( pensez à l’intérim !…). Il y eu cabale contre lui : au final les gauchos idiots ont servi la soupe à Sarkozy !

  2. « Otan: l’armée française deviendra-t-elle américaine?
    Par Jean-Louis Denier, journaliste. La présence française en Afghanistan au sein des forces de l’Otan préfigure ce que tout le monde craint : être embringué dans nombre de guerres non choisies, sur décision américaine.
    La dissuasion française en question
    Malgré un récent discours très flou sur les conditions et motifs d’emploi de la dissuasion française, on ne fera pas croire que le retour au commandement intégré de l’Otan n’impactera pas les choix – directs et indirects – en ce domaine comme dans d’autres : par exemple, fabriquer un second porte-avions, mi-français mi-Otan.
    Mais le problème de l’appartenance à une alliance, c’est qu’il induit une subordination de fait au plus fort de ses membres. Par le passé, les Etats-Unis n’ont jamais été enthousiasmés à l’idée d’une dissuasion français indépendante. Avant l’entrée en possession de l’arme atomique par notre pays, ils nous avaient imposé l’humiliant retrait à Suez en 1956 au moment du coup de force de Nasser sur le canal. Quelles couleuvres risquons-nous d’avaler dans l’avenir ? Celui d’une autorisation américaine de se servir de notre dissuasion ? Celui d’une sous-traitance atomique : une bombe française ciblant un objectif politiquement sélectionné par Washington ? »

  3. USA : le Conseil National de Sécurité aurait donné son accord pour une frappe contre l’Iran 10 mai 2008
    Selon Philip Giraldi, le Conseil National de Securité – à l’exception notable de Robert Gates – aurait donné son accord pour une frappe aérienne visant une base des Gardiens de la Révolution en Iran. Il affirme qu’un ultimatum enjoignant à l’Iran de cesser son soutien aux groupes militants s’est vu opposer une fin de non recevoir par Téhéran.
    Par Philip Giraldi, The American Conservative, 9 mai 2008
    Washington bruit aujourd’hui de spéculation et de rumeurs suggérant que le Conseil National de Sécurité a donné son accord de principe pour la mise en œuvre d’un plan d’attaque aérienne contre une base de la Brigade Al Qods des Gardiens de la Révolution iraniens qui serait utilisée pour l’entraînement des militants irakiens.
    Le camp qui sera visé est l’un de ceux qui sont situés près de Téhéran. Le Secrétaire de la Défense Robert Gates a été le seul responsable a avoir demandé un délai avant que ne soit entreprise toute action offensive.

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