« Il » est revenu



On a tous des phobies, des peurs effroyables qui nous minent l’existence. Il y en a pour qui la foule crée des suées de panique, la vision de ces badauds en mouvement, grouillant comme des cafards est le pire cauchemar qui puisse exister. D’autres ont peur des chiens, des chats, des chauve souris, des souris, des portes qui claquent, des nuits de pleines lunes, des fois qu’un loup garou sévisse dans les environs, des panneaux à l’envers, des vendredi 13 ou encore des araignées. En ce qui me concerne, ma frayeur, ce sont les clowns avec leur sourire moqueur. Avec stupeur, j’ai appris, il y a quelques jours, que le téléfilm Ça, adaptation du livre de Stephen King, publié en 1986, fera l’objet d’une adaptation  sur le grand écran.

Bien des choses peuvent causer des traumatismes chez un enfant. Forcé de manger des épinards, obligé à plonger dans la piscine, alors que l’on ne sait pas nager, par un professeur de sport tortionnaire, à écouter les chansons de Mireille Mathieu, à regarder un épisode de Derrick ou bien Ca. L’histoire de ce clown sadique a perturbé mentalement des générations entières de jeunes enfants qui l’auraient un jour visionnés, à l’insu de leurs parents, uu jour qu’ils étaient absents.

Lors de son émission sur les ondes hertziennes, il y plus de 20 ans, il avait outré les fans de l’oeuvre vis à vis des libertés prises par le réalisateur.

Même si à la fin du film …..****SPOILER****….. le clown disparaissait dans les égouts, grâce à un procédé ridicule orchestré par les enfants devenus grands, héros principaux de l’histoire, il aura droit à une résurrection bien des années plus tard. La lourde tâche a été octroyée à Cary Fukunaga, à qui l’on doit "Sin Nombre" et "Jane Eyre" pour les studios Warner Bros. L’oeuvre du roi du thriller, King, est si imposante que les spectateurs auront droit à une double ration, un diptyque à la teneur bien distincte selon les bruits de couloirs.

Après avoir vu ces images horrifiques d’un clown sadique dévoreur d’enfants, les cabinets de pédopsychiatres ont vu affluer des vagues de gamins atteints de coulrophobie.

Derrière ce terme barbare, ou scientifique, se cache le fait d’avoir peur de ces hommes maquillés de blanc dont la mission sur Terre est de faire des pitreries pour amuser la galerie. Le préfixe "coulro" provient du grec désignant l’ « acrobate qui est sur des échasses". Même si elle n’est pas admise partout comme une pathologie psychologique, elle peut avoir des conséquences importantes. Ainsi, les "hommes de l’esprit" ont tenté de montrer que cette peur est en réalité une forme de lâcheté. La couardise d’affronter les épreuves que nous réservent la vie, des embûches représentées sous les traits du clown.

Cet homme de cirque, aux vices sadiques, est un protagoniste que l’on retrouve dans de nombreuses productions, que ce soit dans des films, des séries télé, des dessins animés ou des livres. Vraie icône populaire, dans Bones, Booth avoue en avoir une peur bleue, Nathan Drake, également, dans la série de jeux vidéos Uncharted. La star adulée par toutes les jeunes filles, d’autant plus qu’il est redevenu célibataire, Johnny Depp préfère passer son chemin quand un de ces pantins se trouve en face de lui. Il a eu beau affronter Freddy et ses griffes de la nuit, les brimades de voisins peu tolérants, les effets nocifs de la drogue dans le désert du Nevada, les ruses du Malin souhaitant ouvrir les 9 portes ou encore, plus récemment les caprices et les créatures peu sympathiques des océans, il ne la mène pas large face à un clown.

En toute honnêteté, je fais le malin mais je partage sa phobie.

Le méchant clown est le pendant noir de ce personnage normalement rempli de bonnes intentions. Celui qui est l’incarnation même de la gentillesse et de la bonne humeur est tellement sacralisé, on en a une opinion si bénéfique, que cela peut soulever des soupçons. Personnellement, je n’aime pas les personnes aimées de tout le monde, ce sont souvent celles là qui cachent les plus grosses parts d’ombre.

Le clown est un menteur, il peut tromper son monde en permanence. Par son attitude et sa gestuelle, il tente de paraître le plus sympathique possible, alors que derrière ce masque, il peut se cacher le pire des pervers. On se rappellera de John Wayne Gacy, un terrible tueur en série dans les années 1970, dont la particularité était de sévir lors de fêtes d’anniversaire. Il frappa plus de 30 fois avant de finir sous les verrous dans la démence la plus totale.

Pour susciter ce sentiment de peur, il suffit de peu de chose. Avoir une appréhension quand on passe près de pantins vêtus de façon grotesque, au physique déformé ou encore, trouver qu’il y a une incohérence entre le lieu où l’on se trouve et la présence d’un clown et, c’est bon, on peut diagnostiquer une coulrophobie passagère.

Nos terreurs nocturnes, nos névroses quotidiennes, vont pouvoir reprendre de plus belle. Le film sera-t-il encore plus effrayant que le roman et que le téléfilm, la réponse appartient au futur, cependant je prépare déjà un rendez vous chez le psychiatre pour soigner cette anxiété envers ces augustes bouffons.  

13 réflexions sur « « Il » est revenu »

  1. A voir…Mais jusqu’à présent, je trouve que rien ne remplace le livre…proprement terrifiant de Stephen King!
    Petite parenthèse à propos des clowns: ils effraient beaucoup d’enfants, en fait. Le nombre de petits que j’ai dû consoler lors des spectacles en Maternelle est impressionnant!
    Petite, au cirque, je détestais les clowns, surtout le blanc. Les Barrios, un trio des années 60 (La Piste aux étoiles) sont les seuls à m’avoir amusée.

  2. Je n’ai pas spécialement peur des clowns, mais je ne les aimes. On ignore ce qui se cache derrière leur maquillage blanc et leur sourire factice.
    Pour info, Sam, dans la série [i]Supernatural[/i], a aussi peur des clowns 😉

  3. Pas peur des clowns mais des poupées ou pantins.
    D’ailleurs rien que d’avoir vu un morceau du film de Chucky ou celui-ci parlait m’a fait faire des cauchemars de lui pendant des années.
    Bon article !

  4. Stephen King m’impressionne, ma fascine, j’ai lu au moins la moitié de son œuvre, par contre les portages à l’écran… son aussi horribles que certains de ses monstres… même Shining, même Misery où les acteurs sont fabuleux, je ne trouve pas que les films sont à la hauteur des livres…

  5. [quote]même Shining, même Misery où les acteurs sont fabuleux, je ne trouve pas que les films sont à la hauteur des livres… [/quote]
    Oui, Scylla, c’est en effet le problème des adaptations …Pourtant, vous citez là deux chefs d’oeuvres assez fantastiques qui ont su s’éloigner du texte original pour en magnifier l’esprit.
    Lorsque Stephen King s’est mêlé des adaptations de ses romans, le résultat a été le plus souvent pitoyable: chacun son métier!

  6. J’aime pas les clowns en général, leurs costume, de toucher 3kilos de maquillage ambulant…beerk. Ils se veulent aguichant tendres, gentil etc…mais effrayant par des couleurs vives…ce n’est pas par hasard qu’est peu à peu apparu l' »Auguste », plus simple, dans des vestes plus terne, peu de maquillage, simple d’esprit…l’archétype de grand père faisant des bêtises pour amuser son petit enfant.

    C’est vrai que beaucoup d’enfants en bas âge, de loin dans un cirque ne disent mot devant un numéro de clowns mais dès qu’il s’en approchent hurlent ou n’y vont pas en souriant, y’a de quoi se poser des question en effet.

    Je n’ai pas lu le livre encore, par contre le film « Ca », je l’ai adoré, pourtant je n’aime pas les films d’horreur. La philosophie du « club des paumés », le lien qui les unis dans la douleur. Le film est empreint de petites leçons de vie, et de vision finalement réalistes. C’est aussi la vision de deux mondes celui de l’adulte, celui de l’enfant qui ne voient pas les mêmes choses.
    On a aussi une vision aussi que l’enfant au main des parents peut être le vecteur de leurs angoisses.

    Après j’ignore si l’écrit véhicule le même message…j’imagine que non car il ne s’agit que d’adaptation…quand on lit puis que l’on regarde Harry Potter, on salue la qualité des films, mais il manque beaucoup trop de choses.

  7. Julien, je vous conseille vivement de lire le chef d’oeuvre de S. King, surtout si vous êtes sensible à l’atmosphère du « club » des enfants. C’est ce que j’aime chez cet auteur: le rendu incroyable du monde de l’enfance…Je pense qu’il ne l’a jamais quitté totalement.
    Ne vous découragez surtout pas devant l’épaisseur du roman: il se lit très facilement, on a du mal à le lâcher.
    J’étais adulte quand je l’ai découvert et j’ai eu la sensation extraordinaire de revivre des instants et des sensations de mon enfance.

  8. « Ca » fout les jetons…brrrr…
    le retour du clown Nicolas ESKROKZY !!!

    T’en veux toi hein ?

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