Faut-il avoir peur de Linky ? L’ANFR dit que non

Depuis décembre 2015, Enedis procède au déploiement de 35 millions de compteurs « nouvelle génération » Linky en France. Un déploiement qui n’a rien d’une sinécure, puisque de nombreuses associations s’y opposent, dénonçant un objet dangereux dont les ondes seraient nocives. En parallèle, le compteur communiquant reçoit pourtant l’aval de tous les scientifiques et comités d’experts qui se sont penchés sur cette question. Dernière bénédiction en date, celle de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), par le biais d’une étude qui a le mérite d’avoir été conduite aussi sur le terrain, et non uniquement au sein d’un laboratoire.

Le débat qui entoure l’installation dans tous les foyers français de Linky n’en finit pas de déchaîner les passions, porté par des associations persuadées qu’il nuit à la santé. Le compteur Linky – connecté via le réseau électrique grâce à la technologie du courant porteur en ligne (CPL) – a pour caractéristique première de transmettre des informations, ou données, entre le consommateur et le fournisseur d’énergie. Or, ces associations de consommateurs ont avancé que ce procédé est émetteur d’un champ électromagnétique potentiellement cancérogène, et préconisent de conserver les anciens compteurs.

De son côté, Enedis (ex-ERDF), on l’imagine, défend bec et ongles sa nouvelle génération de compteurs. Pour la filiale d’EDF, la campagne des « antis » est sans fondement : « Beaucoup de choses fausses ont été dites sur les compteurs Linky, par des organisations qui visent à démonter le projet », déplore par exemple le directeur territorial Enedis pour la Haute-Garonne, Léonard Dordolo. Pour lui, si « on a accusé Linky d’être un émetteur d’ondes, en réalité, ses émissions passent par le réseau filaire, pas par les ondes radio. Comme tout appareil électrique, il émet des ondes électromagnétiques, mais 1 000 fois moins qu’un réfrigérateur. » Pas de danger, donc, à en croire Enedis.

Si les paroles rassurantes de la filiale d’EDF n’ont, on s’en doute et on peut le comprendre, aucun poids aux yeux des frondeurs, le problème pour ces derniers c’est qu’elles sont largement corroborées par la communauté scientifique, qui ne badine pas avec les ondes, et dont les conclusions peuvent difficilement être considérées comme « partisanes ». Le 22 septembre dernier, c’est l’Agence nationales des fréquences (ANFR), autorité indépendante saisie par le ministère de la Santé, qui a livré les résultats d’une série de mesures qu’elle a effectuées en laboratoire mais aussi, pour la première fois, dans des habitations de plusieurs communes. Cette étude permet désormais à l’Agence de « disposer de mesures in situ », a expliqué son directeur, Gilles Brégant.

Et que disent-elles, ces mesures ? A la question « Linky émet-il des ondes électromagnétiques dangereuses pour la santé ? », elles répondent non. Invariablement non. « Les mesures que nous avons relevées dans les logements sont venues confirmer celles réalisées en laboratoire, avec un [champ] électromagnétique faible, presque du même ordre que celui des anciens compteurs et qui correspond aux objets électriques du quotidien », indique l’ANFR. Linky émet en effet entre 0,25 et 0,8 volt par mètre (v/m) à 20 centimètres du compteur, le niveau décroissant rapidement à mesure que l’on s’en éloigne. Soit entre 150 et 350 fois en-dessous de la limite réglementaire de 87 v/m. A titre de comparaison, cela représente 120 fois moins qu’un fer à repasser, 800 fois moins qu’un grille-pain et 150 fois moins qu’une ampoule basse consommation. Le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM) a également fait des mesures. Le résultat est le même, sans appel : « Les lieux proches des systèmes CPL et des compteurs télérelevés sont exposés à des champs électromagnétiques faibles. »