Fantaisie sur la consommation

Pendant des décennies, ils avaient essayé de trouver des solutions au problème des déchets produits par leur société et à leur élimination.

Les résultats étaient plus ou moins heureux et efficaces. Ainsi dans le domaine de la nourriture, ils continuaient à produire des emballages inutiles en grandes quantités et ils demandaient ensuite à la population de s’en débarrasser d’une manière qui se disait rationnelle afin d’en récupérer une partie qui était elle-même retransformée en emballages inutiles. Ils allaient même jusqu’à légiférer et sanctionner dans ce domaine. Ainsi les utilisateurs pouvait être punis ou stigmatisés s’ils n’appliquaient pas les règles mises en place.

Dans leurs grands magasins, les rayons étaient remplis de produits pratiquement identiques avec des emballages différents qui les obligeaient à perdre énormément de temps à choisir en fonction des prix et des diverses présentations. 

Après avoir payé leurs achats, ils trouvaient des bacs dans les halls du magasin lui-même pour ceux qui voulaient déjà y déposer les emballages inutiles. Sinon ils les transportaient chez eux et là s’en débarrassaient au fur et à mesure selon les règlements imposés. 

La population de l’époque était facilement mystifiée. Dans son ensemble, elle n’avait pas les connaissances suffisantes dans ce domaine entre autres et elle était maintenue dans son ignorance par les forces qui régissaient le marché économique à l’époque. 

Qu’ils soient convaincus eux-mêmes ou non du bien-fondé de leurs décisions, les responsables et employés des manufactures de production de nourriture apportaient à leurs fabrications des diversités qui n’avaient aucun intérêt réel. 

Afin que la population achète leurs produits plutôt que ceux d’un concurrent qui faisaient pratiquement la même chose, ils se consacraient à élaborer une présentation qui attirerait le client soit par des designs ou des contenants plus ou moins sophistiqués, soit par le développement d’argumentations qui parfois tournaient à la fantaisie la plus délirante. 

Ils jouaient également sur l’égo humain. Pour se différencier les uns des autres, les différentes castes sélectionnaient des magasins et des lignes de produits différents, soit pour se démarquer et assurer une position plus flatteuse dans la hiérarchie de leur société, soit par obligation n’ayant pas les revenus voulus pour changer de catégorie sociale. 

Par ailleurs, s’était instituée une sorte de compétition dans la possession des objets et des matériels. Cela jouait aussi sur la nourriture. Et les fabricants afin de maintenir leurs ventes étaient contraints de renouveler constamment leurs productions en y apportant des nouveautés plus ou moins utiles qui s’apparentaient la plupart du temps à des gadgets. 

Cependant, il y avait un domaine qui avait évolué mais dont les progrès ne semblaient pas applicables dans le domaine de produits de consommation courante. C’était les produits pharmaceutiques. On ne peut pas dire que l’industrie pharmaceutique de l’époque était une industrie exemplaire. Bien au contraire. Et c’est peut-être la raison des excès qui a fait que les pouvoirs publics ont exigé de cette industrie qu’elle mette sur le marché des génériques. 

D’autant que les pouvoirs publics des pays les plus importants étaient confrontés à l’équilibre des budgets dans les dépenses de santé de la population. 

Afin de préserver toutefois les gains énormes des compagnies de fabrication pharmaceutique, soutenus par des lobbies puissants, il avait été négocié que les nouveaux produits appelés médicaments princeps seraient réservés en exclusivité à la compagnie d’origine mais uniquement sur un temps donné. (cela étant défini par un brevet au moment de la fabrication première). Après ce délai, les médicaments dits génériques étaient autorisés, et faisait tomber le prix dramatiquement. 

Ce n’est qu’après la grande Famine Mondiale, qui débuta dans les pays africains au milieu du 21e siècle et s’étendit mondialement, éliminant plus d’un tiers de la population du globe, que les mentalités changèrent et que des mesures et lois adaptées encadrèrent une exploitation plus intelligente des ressources terrestres et des fabrications de produits nécessaires à la vie humaine.

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