En Ukraine, sous les ordres de Poutine, à Maïdan le sang coula jeudi 20 février.

deux peuples s’affrontèrent ceux de la liberté contre ceux de la soumission à Poutine.

 

À Kiev la place Maïdan, le 20 février 2014, document Libération / photo Louisa Gouliamaki/AFP

Support Wikipedia Au moins de 60 à 100 tués par balles selon les infos, les snipers sur les toits sont entrés en action, il fallait tuer ce jeudi 20 février après 28 morts depuis lundi 17 février, l’engrenage de la violence entre deux parties d’une même nation radicalise les combattants de la liberté contre les forces de police aux ordres de Poutine. Mais aussi ces policiers qui subirent les assauts des révoltés, eurent des morts ce qui montre la stupidité d’un régime corrompu et aux ordres de Moscou. Mais, l’Union européenne n’est pas sans reproches d’avoir fait miroiter à ces ukrainiens une vie meilleure, alors qu’elle ne peut être que sacrifices. Le président Viktor Ianoukovitch, pragmatique ne pouvait faire autrement que d’être près de la Russie qui lui offrait l’énergie dont son pays avait besoin, du gaz à prix avantageux, et des milliards sans contre partie. Ce qui est à des années lumières de ce que l’autre partie de l’Europe peut faire. L’Union européenne est donc hypocrite de laisser ces ukrainiens dans un souhait qui ne peut que se révéler une déception. Quant à la corruption ce n’est pas l’Union européenne qui peut la juguler mais eux-mêmes. Les révoltés épris de liberté la payeront cher. L’Ukraine a basculé dans une voie qu’elle connait mal, mais c’est le prix à payer.

Le fait même que l’Union européenne soit intervenue par trois ministres des affaires étrangères dont Laurent Fabius pour rapprocher les deux parties en présence, est, ce qu’elle pouvait faire pour le moins. L’accord de sortie de crise obtenu, le 21 février, après des heures de négociations entre le président Ianoukovitch et les représentants de l’opposition sur une élection présidentielle pour le 25 mai, une révision de la Constitution et la formation d’un gouvernement d’unité nationale, avec les ministres de l’Union européenne, ne satisfaisait pas l’opposition qui voyait ainsi ses espoirs perdus d’un départ du président. Pour elle tous ces martyres méritaient autre chose qu’un compromis, elle réclamait son départ, l’accord a donc volé en éclats

Or, le samedi 22 février, selon l’un des responsables de l’opposition, Vitali Klitschko, devant les députés au parlement, annonça que le président Viktor Ianoukovitch aurait quitté Kiev ? Information qui ne fut pas confirmée. La vitesse des évènements nous apprit qu’il serait parti pour la ville de Kharkiv dans l’Est du pays, son fief politique. Il aurait dénoncé un coup d’État dans une allocution télévisée, confirmant qu’il n’a pas l’intention de démissionner.

220px-Yulia_Tymoshenko_(2008)Entre temps, Ioulia Timochencho, opposante au régime, enfermée depuis trente mois pour abus de pouvoirs est libérée après un vote des députés. Dès sa libération, elle reçu un accueil triomphal face à plus de 50.000 manifestants de la place Maïdan. Les députés ukrainiens destituent le président Viktor Ianoukovitch et fixèrent au 25 mai l’élection présidentielle. Viktor Ianoukovitch aurait tenté de prendre un avion pour la Russie.

L’Ukraine de l’Est fortement pro russe, la partie la plus riche par ses ressources et son industrie, n’a d’autre possibilité que d’envisager une partition. Cette journée du 22 février à vue une Ukraine basculer dans une incertitude politique avec tous les dangers de ne pouvoir assurer son existence, les milliards russes lui feront défaut. Que fera l’Union européenne, elle est directement interrogée ?

thumb900_phpag46zg471812Les affrontements sont allés trop loin pour que les armes s’arrêtent, les frustrations sont profondes, les martyres de la révolution ukrainienne se rappelleraient au souvenir de ceux qui seraient tentés d’oublier. Rappelez-vous les chars russes du printemps de Prague du temps de la splendeur évanescente de l’Union soviétique. Nous sommes coutumiers du pouvoir russe qui ne fait pas de détail contre leurs satellites qui auraient des idées d’indépendance. Les dirigeants russes encore imprégnés de cette culture ne connaissent que la force pour imposer leur domination. Pour la Russie de Poutine, l’Ukraine c’est la Russie.

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thumb900_phpyp4lxa523600Mais, il fallait bien que ce bain de sang s’arrête, et que la raison l’emporte. La question que l’on pouvait se poser, était laquelle des deux parties était disposée à des concessions ? Poutine surement pas, il poussait le président Viktor Ianoukovitch à mâter cette révolution. Tout dépendait donc comme toujours de la situation sur le terrain des affrontements. Dès lors, que des balles remplacèrent les paroles puis les pavés, les forces de police fortes de la légitimité gouvernementale, n’ont fait que de la détruire. Elle n’existe donc plus. Le monde entier avait les yeux braqués sur ces snipers pire scenario Poutine ne pouvait faire.

thumb900_phpij3l6p374410Le président Viktor Ianoukovitch n’existait déjà plus. Son pouvoir vacillait d’heures en heures. On ne pouvait, à quelques heures de Paris, tolérer que l’on tue son peuple pour imposer un pouvoir, inféodé à Moscou, même si le passé de ce pays dans l’Union soviétique, est tel qu’à lui seul, il justifierait qu’il se perpétue.

Cette révolte, pour ne pas dire presque une guerre civile, ce que tous les observateurs ressentirent, puisa ses sources dans la dichotomie Russie-Europe, vestige de l’ancienne Russie soviétique. Tout vient dans le désir des ukrainiens d’intégrer l’Union européenne, qui serait une trahison aux yeux de Moscou.

Les premières négociations portèrent sur un accord douanier de libre échange entre Kiev et l’UE. Moscou avait alors menacé Kiev sur les conséquences des exportations ukrainiennes. Il s’en suivit 10 jours de mobilisation et 100.000 personnes défilèrent sur la place de l’Indépendance lieu historique de la capitale ukrainienne.

Déjà des manifestants criaient des slogans anti gouvernementaux. Cette révolte fut la conséquence d’un compromis avorté entre Kiev, Moscou et Bruxelles. Le mardi 26 novembre 2013 Vladimir Poutine, demanda aux dirigeants européens de cesser leurs «commentaires acrimonieux» sur la décision de l’Ukraine d’abandonner l’accord d’association avec l’Union européenne. Bruxelles accusait la Russie d’avoir fait pression sur l’Ukraine. Le texte de l’accord était en préparation depuis 5 ans et devait être signé lors d’un sommet à Vilnius, Lituanie, fin novembre. Kiev n’avait évoqué que des raisons «purement économiques», et non stratégiques.

L’UE dénonça aussitôt les pressions de Moscou, ce que l’Ukraine nia pour ensuite le reconnaître. Poutine montra sa colère estimant que la signature de l’accord aurait été une trahison envers l’économie russe. «Aurions-nous dû consentir à étrangler des pans entiers de notre économie pour leur plaire ?», s’était-il interrogé alors qu’un quart des exportations ukrainiennes partaient en Russie. L’opposition criait, que le gouvernement a vendu l’Ukraine à la Russie, dans un pays divisé entre pro-occidents et pro-russes, un restant de cette ex-République soviétique tiraillée entre Bruxelles et Moscou.

Le 06 février 2013 Arte tv titrait, l’Ukraine entre l’Union européenne et la Russie, le spectre du gaz.

Les dernières élections du Parlement Ukrainien en octobre 2012 montrèrent, encore une fois, un pays partagé entre une partie orientale proche de la Russie et une partie occidentale tendant vers un mode de vie plus européen. Ces élections confirmèrent le résultat des élections présidentielles de 2010 quand Ianoukovitch fut revenu au pouvoir, mettant fin à l’expérience de la «Révolution Orange» de 2004.

France inter titrait le 02 décembre 2013, l’Ukraine entre deux destins.

Même le nom de l’Ukraine signifierait, mot à mot, «près de la frontière», «près de la bordure» en l’occurrence, de la Fédération de Russie et de l’Union européenne entre lesquelles s’étend ce pays sorti de l’URSS en 1991. Autrement dit, toujours balancé entre l’est et l’ouest dans un continent dont elle est le centre, tentant toujours de jouer, l’un contre l’autre, pour assurer une indépendance qui ne fut qu’épisodique dans une histoire millénaire.

Marie Le Douaran spécialiste de l’Ukraine, s’exprimait le 02/12/2013 dans l’EXPRESS, un sentiment de déjà-vu. Une vague de contestation aux airs de révolution orange s’étendait depuis une dizaine de jours en Ukraine. Des manifestations, assimilées à un «coup d’État» par le Premier ministre Mykola Azarov, nées après la décision du président Viktor Ianoukovitch de renoncer à un accord économique avec l’Union européenne. Ce fut à partir de là que le mouvement se radicalisa, les manifestations et l’occupation de la place de l’Indépendance s’intensifièrent, les opposants prirent la mairie de Kiev, qui devint leur base arrière pour plusieurs mois.

Le 16 janvier le Parlement adopta, une série de lois qui visaient explicitement le mouvement de Maïdan et restreignaient le droit de manifester. L’opposition craignit que ce texte ne soit le prélude à une vague de répression et brava l’interdiction en défilant massivement dans les rues de Kiev le 19 janvier. Manifestation à l’issue de laquelle des incidents éclatèrent avec les forces de l’ordre. Trois jours plus tard, les affrontements causeront la mort de trois personnes, les premiers décès depuis le début de la révolte.

En février, une première revendication avec la libération des 234 manifestants arrêtés entre le 26 décembre et le 2 février. Le 18 février, le Parlement se réunit sans que les députés de l’opposition aient pu inscrire la question d’une modification constitutionnelle à l’ordre du jour. Kiev bascula dans la violence. De très violents affrontements opposèrent les manifestants aux forces de l’ordre. Le bilan fut lourd, au moins 28 personnes furent tuées, dont une dizaine de policiers.

L’éclairage d’Alexandra Goujon, maître de conférences à l’Université de Bourgogne et spécialiste de l’Ukraine clama que les manifestants appelaient à des élections anticipées, à la démission du gouvernement, et à l’empêchement du président.

L’opposition demandait deux choses

Elle est arrivée à ses fins.

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22 réflexions sur « En Ukraine, sous les ordres de Poutine, à Maïdan le sang coula jeudi 20 février. »

  1. J’espère que Poutine et tous les autres tyrans du même accabit suivront et il y en a des tonnes….

  2. Il n’y a pas que les dirigeants russes qui soient encore imprégnés de cette culture, en France aussi la gauche bien pensante, dont vous faites partie, conserve de toutes ses forces cette culture marxiste du XIXe siècle.

  3. La principale liberté marxiste c’est celle des camps de la mort en Sibérie, pardon, les camps d’éducation populacière…

  4. Moi je propose de créer en France un [b]Comité de salut public[/b] pour renverser François, celui qui dit, mais ne fait pas !

  5. Serge,
    Oui, effectivement, une révolution, c’est toujours illégal puisque, par définition, on destitue un pouvoir en place sans utiliser le fonctionnement normal du système en vigueur.
    A-t-on raison de le faire ou a-t-on tord ? Tout dépend évidement de quelle révolution on parle. Dans le cas présent, tout dépend du régime qui suivra.
    Mais finalement, ce caractère illégal n’a pas tellement d’importance dans le cas d’une révolution qui triomphe, puisque le système juridique est balayé et remplacé par un autre.
    Si l’on pousse jusqu’au bout votre raisonnement, des royalistes pourraient dire que tous les régimes qui se sont succédés depuis 1792 en France sont illégaux puisqu’ils sont nés grâce à l’exécution illégale du roi. Ils peuvent le dire si ça leur chante, mais ça ne va pas changer grand chose.

  6. Les dégâts des régimes dictatoriaux socialos soviétiques sont énormes et se perpétuent encore aujourd’hui !

  7. Ce qui vient de se passer en Ukraine se reproduit au Vénézuéla. Pourquoi ? Les dérives des dictatures postcommunistes qui contraignent le peuple à plus de souffrance, moins de liberté, plus de chômage, pendant que les oligarques se gavent. Trop c’est trop ! Il faut que ça explose !

  8. @poissonrouge
    Vous avez tout à fait raison et la Révolution Française est un exemple excellent d’une illégalité qui provoque une réaction en chaîne: terreur, assassinat de Robespierre, directoire, Napoléon, restauration, etc… Autant d’actes illégaux qui ont fait saigner la France.
    Et en Ukraine ça sent toujours la guerre civile. Malheureusement, Yanoukovitch a fait confiance à Fabius et C° qui adorent les nationalistes ukrainiens mais crient gare dès qu’il s’agit du FN, une version très édulcorée des nationalistes ukrainiens. Tout est bon pour séparer l’Ukraine de la Russie. On est prêt à soutenir n’importe qui, tout comme on a soutenu les taliban en Afghanistan pour soit disant faire tomber le communisme. Et voilà que la Russie n’est plus communiste mais tout est pareil…

  9. Doit-on rappeler que, avant 1991, les états de l’ex bloc de l’est étaient d’horribles dictatures où il faisait froid, où les gens portaient des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair.
    Mais grâce à Gorbatchev, tout cela est terminé, le communisme est mort et tous ces pays sont entrés dans l’économie de marché avec tous ces bienfaits. Ils sont maintenant des états prospères et démocratiques.

  10. @Serge :
    Mon propos était de signifier le peu d’importance que peut revêtir le caractère légal. Pas plus, pas moins.
    Pour ce qui est du bien fondé de cette révolution, je suis, comme vous, plus réservé. La vérité, c’est que l’on ne sait pas bien qui va prendre le pouvoir en Ukraine. Il y a parmi ces révolutionnaires des éléments fascistes qui sont pires que tout, même que le gouvernement précédent.
    Il est également évident que tous les révolutionnaires ne font pas partie de cette racaille. Par conséquent, on ne sait pas encore si il faut se réjouir de ce qui se passe en Ukraine ou pas.

  11. poissonrouge,
    [quote]grâce à l’exécution illégale du roi. Ils peuvent le dire si ça leur chante, mais ça ne va pas changer grand chose.[/quote]
    pour cette phrase, mais je suis aussi contre !

  12. @poissonrouge
    [quote]Il est également évident que tous les révolutionnaires ne font pas partie de cette racaille. [/quote]
    Non, tous ne sont pas « nazis », 15% environ? Les autres sont de simples nationalistes radicaux. Les représentants du Parti des Régions votent sous la menace de mort et préfère quitter le parti. C’est très démocratique. Il est évident que sur la place il y avait des naïfs mais leur rôle était le rôle des figurants. L’oligarque « orange » Porochenko va se présenter aux élections avec l’accord du Parlement. Bref, tout va très bien. Et l’Europe qui n’a pas de pognon pour la Grèce, ni pour le Portugal va prêter du fric à l’Ukraine qui sera du coup tellement indépendante…

  13. @anidom nidolga
    Vous écrivez: [quote]Le président Viktor Ianoukovitch, pragmatique ne pouvait faire autrement que d’être près de la Russie qui lui offrait l’énergie dont son pays avait besoin, du gaz à prix avantageux, et des milliards sans contre partie. Ce qui est à des années lumières de ce que l’autre partie de l’Europe peut faire. L’Union européenne est donc hypocrite de laisser ces ukrainiens dans un souhait qui ne peut que se révéler une déception.[/quote]
    100% d’accord.

  14. [b]Bonsoir à tous,[/b]

    Je vous remercie de vos commentaires, la situation de l’Ukraine est complexe, et je me garderais de faire un pronostic.

    Je renouvelle ce que j’ai écrit dans l’article, l’Ukraine à tout à perdre avec l’Union européenne. Son salut est de faire un partage équitable entre Moscou et l’Union européenne.

    Quand j’entends à la télévision des femmes qui font leur marché et qui clament qu’avec l’Union européenne la vie sera moins chère, je m’étouffe.

    Ces pauvres gens sont complètement déboussolés trois gouvernements corrompus depuis la révolution orange cela fait beaucoup.

    L’Union européenne s’est mise dans une situation qui va courir à son manque de crédibilité.

    Elle ne peut aider l’Ukraine, qui courre à une scission avec la région autonome de Crimée, région la plus riche avec un accès à la mer noire.

    Sans la Crimée, l’Ukraine n’a plus de porte sur l’extérieur.

    Bien à vous

    Anido

  15. Serge,

    Fascistes, nationalistes ou patriotes, tout ça, c’est la même racaille et ces trois termes ne sont dans les faits qu’un détail de vocabulaire. Il est en effet plus classe de dire que l’on est patriote que nationaliste, mais il n’y a guère de différence.
    Seuls les nazis ont une identité bien distincte parce qu’il brandissent ouvertement le drapeau à croix gammée. Dans le cas des Ukrainiens, ils oublient peu être un peu vite que, sous Hitler, ils auraient fini dans un ravin après fusillade, mais passons.

    Je vous trouve un peu pessimiste sur la proportion de fascistes dans les révolutionnaires et sur la position qu’ils peuvent avoir. Ce qui ne veut pas dire que vous ayez tord, mais j’ai tout de même l’impression que, cette fois, le peuple est dans la rue. Se laissera-t-il voler sa révolution par l’extrême droite ? L’avenir le dira.

    Quand à l’Europe, j’ai l’impression qu’elle cherche à vendre le rêve Américain aux Ukrainiens qui se voient déjà en BMW. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que la Russie ne s’est pas plus accrochée que cela (nous avons en effet connu Poutine plus coriace et je trouve un peu facile cette chute du pouvoir en Ukraine, bien que je n’y voie pas de manipulation qui puisse expliquer cette facilité).
    Pour ce qui est du pétrole et Gaz Russe, il profitait certes à l’Ukraine, mais pas aux Ukrainiens. On peut donc penser que, finalement, ne plus l’avoir ne va pas changer grand chose pour le peuple qui, au lieu de payer la marge des parasites Ukrainiens va désormais la payer à des parasites Saoudiens ou autres.

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