Éléments de language : Fillon surclasse Morano

Chaque mercredi, Le Canard enchaîné nous distille les éléments de langage prônés par Nicolas Sarkozy qui réitère à l’envie ses avertissements aux ministres : allez-y, lâchez-vous, tapez sur Hollande, je vois tout, je sais tout, et j’ai à l’œil celles et ceux qui ne mouillent pas leur chemise. En caporale zélée, Nadine Morano se décarcasse. Pas un seul jour sans monter au créneau. On dirait que François Fillon, qui assurait le service minimum, se soit rattrapé en évoquant la « scorpionite » hollandaise. Pas de quoi en faire une salade… batave, mais cela vole plus que la maringouinite moranienne.

« Madame la "Ministre-Twittasse" n’a pas encore réagi, mais nous attendons de voir surgir un de ses tweets ébouriffants à n’importe quel moment… ».
C’est la réaction d’Entrevue à la polémique entre Aram et Morano. De son côté, je ne sais plus qui a retrouvé une phrase datant de 2008 de Philippe Val qui considérait que Morano était vulgaire, mais sans doute populaire.
Et réciproquement, ce ne lui semblait pas évident.

Mais voici donc que François Fillon fait du Morano, revisité à la Galouzeau de Villepin, en légèrement moins ampoulé. Citation exacte : « Je combats cette maladie, cette sorte de scorpionite, cette autolyse qui consiste à nous envenimer pour mieux croire au mythe du phénix qui renaît de ses cendres. ». Scorpionite est un bienvenu néologisme, absent tant du Robert que du Littré, mais on dirait que Fillon s’est emmêlé dans sa métaphore. Le scorpion se pique avec sa propre queue mais n’en meurt pas, il est simplement un temps pétrifié et non putréfié (en autolyse).

N’empêche, il devrait twitter plus souvent du Morano-like, laquelle ne cesse de dire que Hollande est plus faisandé qu’un turbot (le turbot, c’est le faisan de mer, autre appellation), qui aurait trop longtemps mariné dans la caque avec DSK. Pour se rattraper, elle balance aussi des futilités. On apprend ainsi qu’elle se reconnait en José Garcia. Et réciproquement ? Ses twits sont si fréquents qu’en l’espace d’une, deux, trois heures, il faut faire pivoter un écran 24 pouces à la verticale pour les afficher tous, sans interférence de twits d’interlocuteurs. C’est dire. Et en plus, elle blogue sec et fréquent.

Festival Morano

Au train où il va, le Fillon, à reprendre les éléments de langage inspirés par Sarkozy à chaque fin de conseil des ministres (et attention, selon Le Canard enchaîné, à les reprendre à la Morano, car il voit qui mouille sa chemise ou se défile), on se demande ce qu’il va bien pouvoir lâcher aux divers dignitaires des cultes qu’il doit prochainement rencontrer. Une fine blague sur le Flamby ou la mimolette (l’autre surnom de François Hollande) ?

La dernière de Morano, c’était d’indiquer publiquement à l’intention d’Alessandra  Sublet qu’elle attendait un bébé (Sublet, pas Morano, qui répand sur l’accouchement de sa propre fille, et son futur statut de mère grand, dont elle a déjà les grandes dents).

Aram se demande si Morano serait une menteuse. Pas plus qu’une harengère aux incessantes harangues voulant que son poisson Sarkozy soit le plus frais et frémisse encore des ouïes. Tandis que celui de l’étal voisin, de la Aubry, serait un claquos piqué aux vers, fleurant l’ammoniaque. Fillon a peut-être été « prié » (entendez qu’il s’est vu intimé) de s’y mettre aussi. Genre maringouinite moranienne allégée. Le maringouin, c’est un anophèle culicidé, ou moustique des tropiques et du Québec. La moucheronne du coche de l’UMP donne le ton. Fillon s’efforce  de vrombir à l’unisson. Il y avait eu, paraît-il, une génération Mitterrand. Douteux que s’élève une génération Hollande. Mais Flytox, peut-être.

Claire Delalune (un speudo) doit en faire partie. Sur Facebook, elle a créé un événement permanent, le Festival Morano « tous les jours, dans tous les médias ». On pourrait ajouter à tout instant. Comme il fallait malgré tout indiquer une date, Claire a choisi le premier avril. Malheureusement, cela durera sans doute jusqu’aux lendemains du second tour des législatives. Et de la démoustiquation.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

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