D’un titre accrocheur « ces mères meurtrières » ou les raccourcis pour ne pas se responsabiliser ?

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titres du "diaporama" "ces mères meurtrières"
Vous ouvrez votre internet ce matin, et, par choix, ou parce que "je n’y connais rien", votre page d’ouverture est MSN.
Cela pourrait être n’importe quelle autre page, et sans doute cela pourrait être pire (comme page, pas comme sujet).
Ce matin, le sujet "racoleur" ce sont donc "les mères meurtrières".
Quand je lis, ma première pensée agacée c’est : "un enfant se fait toute seule, c’est évident; il n’y a qu’une mère et pas de père…." (mais ne généralisons pas, je le précise)
 
Tout semble dit dans ce simple titre et pourtant….
Le "diaporama" relate 8 cas dramatiques qui ont fait les gros titres, avec une photo de la mère et un petit résumé de 7-8 lignes.

Au quatrième sujet, le conjoint, qui n’est pas le père, semble déjà un peu concerné par le meurtre de l’enfant (Typhaine: "la petite fille comme "le souffre-douleur de la famille".

Mais le premier sujet pose déjà de sérieuses questions, pour le citoyen lambda (M. Mme COURJAULT); c’est celui qui semble révêler tous les autres, le comble de tout. Nous avons un couple, mariés depuis longtemps, et pour le moins cinq grossesses; mais surtout un mari qui n’a jamais rien remarqué!
Crier haro sur la mère semble le plus évident, le plus simple, le plus logique…. et pourtant….
Comment l’accepter?
Rien ne s’excuse mais rien ne se condamne. Nous ne pouvons savoir ce qu’il se passe à un moment donné, dans une situation donnée dans une existence; tout peut se produire quand il y a "mal être". Nous pouvons tous, un jour ou l’autre, déraper vers l’incontrolable et, sans doute, nous ne pourrons jamais l’expliquer.
Sauf que là, ce sont des drames terribles et que, forcément, nous avons peine à imaginer et à comprendre.
Sauf que là, pour certaines, ces drames se sont reproduits plusieurs fois, que dans certains le père était le même ou/et que le couple était formé depuis plusieurs années…
 
Au delà de l’horreur, je lis, dans ces drames, de grandes solitudes, physiques et surtout morales.
Au delà des personnes qui, peut-être, ont des problèmes psychologiques (je ne suis pas là pour le dire ni pour juger), on relève presque à chaque fois les mêmes propos "personne n’a rien vu", "le conjoint ne s’est pas aperçu", "elle n’a rien dit",…
je relève même "personne n’a osé lui demander" et "Son compagnon de l’époque affirme qu’il était persuadé que la jeune femme avait recours à l’avortement."
 
Je reproduis ici l’entête du sujet:
"Plus incompréhensible et plus cruel encore en apparence que tous les autres, l’assassinat d’un enfant par sa mère soulève toujours une vive émotion, comme en témoigne la récente affaire "Typhaine", ou encore celle des "bébés congelés". Crime tabou entre tous, il reste bien souvent au-delà des explications rationnelles qui peuvent parfois être apportées : endettement, troubles psychologiques, pulsions suicidaires … Voici quelques portraits de mères qui ont commis l’irréparable"
 
Déjà, je relève que dans les neufs sujets, deux père ou conjoint seraient également suspectés. Le raccourci qui veut que les mères soient "seules" responsables/coupables est un peu simpliste.
Je relève aussi que ces femmes ont eu, pour certaines d’entre elles, plusieurs grossesses; et c’est là que je trouve cela choquant que ces femmes soient mises au banc des accusées "ces mères meurtrières". C’est sans doute "bien pensant" de croire encore de nos jours qu’une femme est là pour donner la vie, mettre des enfants au monde, et qu’elle doive l’accepter envers et contre tout (la vie n’est pas si simple et l’on ne vit pas au pays des Bisounours); ces formules étaient bien arrangeantes….
 
Ce que je trouve choquant dans ce genre de sujet repris pour faire des gros titres, c’est cette façon de présenter la mère, la femme, uniquement comme LA criminelle. Les compagnons, les géniteurs semblent totalement exclus comme s’ils n’avaient absolument rien à y voir. A aucun moment, il n’est parlé du fait que ces hommes auraient peut-être dû, à un moment ou l’autre, imaginer, éventuellement penser, que leur geste avait peut-être, éventuellement, eu…. des conséquences…. En tout cas, si cette responsabilité masculine a été notée, c’est en entrefilet: ils n’ont rien vus, n’étaient pas là, n’ont rien imaginé, ne sont pas coupables/responsables,…ou presque si peu….
 
 
Voici le lien:
http://news.fr.msn.com/m6-actualite/france/photo.aspx?cp-documentid=151397905&page=1
Je note aussi, partant de ce lien, un autre titre "Les femmes tuent aussi". Que veut dire ce "aussi" ? Résonnerait-il comme un justificatif ? les femmes aussi…. un "aussi" de trop à mon sens. Un mot qui pourrait dans une suite logique de l’horreur appeler un titre tout aussi horrible "les pères meurtriers aussi"? Que veut on nous faire penser, nous faire comprendre ?
 
Mes propos ne sont nullement le jugement quelqu’il soit de ces actes (que je ne peux que regretter), et encore moins d’y trouver des circonstances atténuantes, mais une sorte de critique de la synthèse qui en est faite dans les médias, et surtout dans les "entrefilets", les petits titres et micro-articles.
 
 

2 réflexions sur « D’un titre accrocheur « ces mères meurtrières » ou les raccourcis pour ne pas se responsabiliser ? »

  1. Alors là je suis tout à fait d’accord avec vous tite pom. On stigmatise la mère assassine comme on ne le fait pas avec le père assasin… Vous ne jugez pas, vous faites une critique objective qui démontre bien une certaine inégalité dans la « forme ». Les femmes ne sont pas sensées tuer, encore moins une mère… Les hommes non plus, mais on se choquera plus vite d’une meurtrière que de son masculin…

  2. On voit bien encore, en lisant l’article de COQUELICOT également, comment la femme est tenue seule et unique responsable, et comment la presse en général se fait juge seulement par les « titres accrocheurs ».
    Comme l’exprime Nathalie M. « on stigmatise »!

    bien cordialement

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