Cour Pénale Internationale : facteur de paix ou de trouble ?

Pour l’avocat et écrivain camerounais Pierre Boubou, « la justice est faite pour éteindre les conflits et non pour les envenimer ». Comme pour dire qu’une justice qui se veut équitable ne devrait être jamais celle des vainqueurs sur les vaincus. Cependant, en regardant de près ce qui se passe dans de nombreux pays du monde, l’on constate avec beaucoup de douleurs que cette mission « originelle » de la justice semble totalement bafouée. Pire encore, même les juridictions dites internationales et en l’occurrence la Cour Pénale Internationale  qui devraient prêcher par le bon exemple, se trouvent elles-aussi engloutis dans cette justice aux « ordres ». Et, à ce jour, l’on se demande finalement de quel côté se trouve la véritable justice ?

La Cour pénale internationale (CPI) est une juridiction créée par traité pour « contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale. » Ceci, dans un contexte où la violence devient l’une des voies de recours les plus prisés par les politiciens. Aussi, l’on  dit souvent de la CPI qu’elle est une organisation internationale indépendante. Mais, en regardant de près ce que fait cette cour depuis sa mise sur pied, l’on est pour le moins scandalisé.

Lancée officiellement en 2002, la Cour Pénale Internationale n’apparait plus aujourd’hui que comme un instrument savamment monté par les puissances occidentales, pour mieux dominer l’Afrique. Sinon, comment comprendre que la quasi-totalité de ses « clients » ne soient que des africains (Charles Taylor, Thomas Lubanga, Jean Pierre Bemba, Laurent Gbagbo, Bosco Ntangada…). Tout ceci, dans un monde où le terrorisme mondial ne cesse de prendre des proportions de plus en plus alarmantes. Car comment comprendre qu’un jihadiste capturé en Afghanistan  plutôt que  d’être extrader à La Haye pour être jugé par  la CPI, soit plutôt  renvoyer à  Guantanamo ?

Ces dernières années, la CPI a même franchi le Rubicon, en poursuivant même des chefs d’Etats en fonction : le Soudanais Omar El Béchir et le tout récent Président Kenyan Uru Kenyatta.

Il est certes vrai que l’Afrique a toujours été le terrain d’expérimentation de toutes sortes de bêtises humaines. Mais, la CPI devrait et très rapidement comprendre que les mentalités ont évoluées, et que les choses ne se passeraient plus comme par le passé.

Même un étudiant en 1ere  année de droit sait que l’existence d’un conflit suppose deux parties protagonistes. Malheureusement, ce principe pourtant sacré semble totalement ignoré de la CPI ; elle, qui à chaque fois ne penche que pour les « vainqueurs ». Le cas de la Côte d’Ivoire où la CPI a étalé au grand jour son penchant pour Alassane Ouattara et sa rébellion est l’un des  plus patents. Que l’on laisse un Guillaume Soro en liberté et qu’on prenne « en otage »  à La Haye un Président reconnu élu par la Cour constitutionnelle de son pays, c’est du jamais vu ! Et, ce genre de « justice » à tête chercheuse  ne peut qu’engendrer le K.O.

D’ailleurs, il n’est pas exclut que la Côte d’Ivoire renoue avec la violence. Car tant que Laurent Gbagbo restera à la Haye, ce pays de l’Afrique de l’Ouest demeurera  une bombe à retardement !

 

Auteur/autrice : Alain Mukendi

Journaliste africain