Chevènement, Indigné, à La Défense

Après avoir lavé son honneur injustement écorné en portant plainte contre la Ville de Paris à propos de son ILN parisien, Jean-Pierre Chevènement envisage de retrouver toute sa radicalité en rejoignant, à La Défense, les Indignés du mouvement Occupy France, laisse entendre son entourage…

Apprenant hier sur Come4News (« Occupy London squatte la banque UBS ») que le mouvement des Indignés marquait des points à Londres, mais aussi à Paris, Madrid, Rome, Berlin, et bien au-delà, Jean-Pierre Chevènement, 72 ans, se serait souvenu de son passé.
Le fameux slogan « We shall fight, we will win ! Paris-London-Rome-Berlin ! » lui serait monté aux lèvres. Dès lors, selon son entourage, la décision était prise : le « Che » allait rejoindre les Indignés d’Occupy France à La Défense !

À cela, finalement, rien d’étonnant. Jean-Pierre Chevènement, Jean-Marie Bœckel, anciens du Céres (proche du Parti socialiste unifié, puis du Parti socialiste dont il devient l’un des courants), n’étaient-ils point des autogestionnaires proclamés ?
Comme tout bon activiste, J.-P. C. sait bien qu’il n’y a pas de mauvaise publicité du moment que le nom (de la marque, d’un personnage) est bien orthographié.
Son histoire d’appartement parisien, un « non-sujet » selon le blogueur Élie Arié, car il s’agit d’un ILN (à loyer normal), vaut certes d’être exploitée mais brouille son message : la nécessité de construire (sans Eiffage) une Europe confédérale des Nations.

Qui mieux que les Indignés des divers mouvements Occupy incarnent cette orientation ?

Au cœur des luttes

À Belfort, renonçant à la résidence familiale où il vivait avec Nisa, son épouse, et leurs enfants, Jean-Pierre Chevènement avait choisi de s’installer, en 1998, dans un autre logement à loyer normal, place de la Petite-Fontaine. Pourquoi ? Parce que c’est dans la Vieille-Ville, où se situe la mairie, mais aussi proche du bureau de poste de la Grande Rue. C’est là que le « Che » prend le pouls des préoccupations des petites gens : retraités, chômeurs venant toucher un mandat, immigrés venant virer des subsides à leurs familles, administrés en butte à des tracasseries, &c. Et lorsque, en 2007, on lui avait cherché localement des poux dans la tête, il avait rétorqué : « Je paye 25% de mon revenu pour mes loyers. J’acquitte un surloyer à Territoire Habitat… ». Ce qui, pour le surloyer, est sans doute vrai. J’ai lu quelque part qu’il avait renoncé à ce logement en juin

À Paris, c’est un peu différent. Loger à proximité de l’ex-hôtel particulier de Laurent Fabius et d’autres riverains du Panthéon, c’est l’occasion de faire mieux entendre la voix des sans voie de progression sociale, des sans grade, des plus démunis. Cela tient de l’action militante. De même, en se regroupant place des Vosges, diverses personnalités (dont Lolo et Djack – Lang –) nous épargnent de financer des « plantes vertes » (policiers de faction) dispersées.

Certes, il y a le fameux restaurant du Sénat. Mais c’est chez la buraliste, au guichet du boulanger, que le « Che » peut interpeller les puissants et prendre à témoin les autres clients, les commerçants, pour convaincre.

Aucun passe droit

J.P. C. n’a eu nul besoin de faire appel à un intermédiaire tchétchène qui aurait graissé la patte de qui pouvait lui attribuer un ILN au cœur de Paris ou de Belfort. En revanche, oui, on peut s’interroger : un appartement aux Résidences, les grandes cités belfortaines, ou proche du périphérique, à Paris, n’aurait-il pas mieux été indiqué ? Hélas, là, il n’y a que des HLM, ou presque. Que n’aurait-on pas dit ou écrit s’il avait engraissé un marchand de sommeil ?

Et puis, il y a quelques nécessités « de service ». Il faut pouvoir à tout moment réunir aisément une « cellule de crise ». C’est pourquoi d’ailleurs j’avais bénéficié d’un ILN à Belfort. Non pas d’ailleurs directement par l’intermédiaire de Jean-Pierre Chevènement, à l’époque modeste premier adjoint, mais sans trop de complexités administratives. Il n’y avait pratiquement aucun HLM dans la Vieille-Ville et malgré mes émoluments « militants » qui me permettaient d’être logé aux Résidences, j’avais pris cette option afin d’être plus rapidement disponible. Non, ne riez pas (comme disait Basescu aux journalistes en leur annonçant que la Roumanie rejoindrait l’euro en 2015). Mais vous pouvez sourire.

Insinuations odieuses

« Je pense qu’il sera rémunéré (…) plutôt par un poste au Conseil constitutionnel… », a osé Dominique Voynet en estimant que le « Che » était « en service commandé » pour « diviser chez Mélenchon ». Ce serait faire du « Che » qui, toutes proportions gardées, est avec Nisa à l’abri du besoin comme DSK le restera sans doute grâce à Anne Sinclair, un gagne-petit.

Sur son blogue, Jean-Pierre a tout à fait raison de dénoncer des « insinuations odieuses, ou tout simplement ridicules ». « La monnaie unique peut nous quitter demain. C’est un étourdissant concert de tous les Maastrichtiens pour faire oublier les responsabilités qui sont les leurs et qui les empêche de voir les solutions qui, demain, seraient pratiquables (sic) pour permettre à la France de s’en sortir à moindres frais, » poursuit-il.

Certes, Chevènement s’est cru un destin national au-delà de celui qui fut le sien. Il n’est certes pas du genre à se prendre des grenades lacrymogènes à son âge pour finir tel Jaurès. Certes, il estime qu’un « “parti révolutionnaire” dressé contre un parti ”social-libéral” ouvrirait un boulevard à la droite » et, dans les circonstances actuelles, même si cela se discute, il est fondé à se souvenir de la république de Weimar (la ligue spartakiste, de Liebknecht et Rosa Luxembourg, se détachant du SPD). Mais n’en faisons pas un affairiste, comme tant d’autres, ce qu’il n’est pas.

La Ville de Paris fait peut-être semblant d’apprendre que Nisa et Jean-Pierre Chevènement sont propriétaires de deux appartements à Ivry-sur-Seine, ajoutant que ce fait ne peut que « justifier davantage encore la démarche engagée » (le prier d’aller loger ailleurs). C’est peut-être de bon sens. Allez, Chevènement a peut-être encore besoin de loger au cœur de Paris jusqu’aux législatives. Pour le moment, il n’est pas question de l’expulser (légalement, cela poserait problème).

Mais, en cas de besoin urgent, Jean-Pierre, sache que je peux t’orienter vers un squat parisien intra-muros pas trop inconfortable… J’en parlerai aux copains…

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

8 réflexions sur « Chevènement, Indigné, à La Défense »

  1. De l’AFP :
    « « Il fait froid, ça n’aide pas et puis on parle peu de nous dans les médias ou seulement pour évoquer les violences de la police, ça ne donne pas envie de nous rejoindre », [i]lâche Olivier, un ingénieur de 33 ans, qui quitte la Défense au lever du jour, un duvet accroché au sac à dos, pour rejoindre son travail[/i]. »

  2. Merci, Zélectron : je sais où me documenter.
    « Nos rêves ne tiennent pas dans vos urnes, » disent les Indignés.
    Le problème, c’est que nos réalités, en couple, ne tiennent pas dans 20 m², ou dans 9, seul : les couples s’engueulent, en raison des difficultés, les célibataires broient du noir. La population commence très sérieusement à s’irriter, et les indices ne sont pas vraiment reflétés par les sondages.

  3. 6h35 – Ext nuit sous les étoiles du sud pacifique.

    Ton beurre… salée l’heure vient de se liquéfier dans le trouble de mon thétique pragmatisme!
    – proposons donc, pour rétablir en substance la décence du vivre ensemble, en cette heure avisée plus que documentée, de migrer, couples et célibataires confondus, dans les eaux libres (et) internationales, afin d’y bâtir en surface, peuple du grand large et de tout immarcescible volonté, les nouveaux radeaux de vie: ces nouvelles villes ouvertes plongeant vers les grands fonds, arraisonnant l’espace et le temps, tels des icebergs dantesques flottant sur le miroir des limbes liquides, nimbés de leur si expressive volonté de s’affranchir de tout… Pulsion de vie, immanence transitoire, transparence ou apparence sans importance glissant sans attache, en une nudité absolue (qui parle de pureté?), vers leur réelle communauté de destin, (à) l’horizon somme toute con_fondante de leur seule consubstantiation originaire.

    Get out of town Tombeur, i tell yu: sucrée salée notre à venir se profile en notre seul présent, et, si « nos rêves ne tiennent pas dans leurs urnes » , sans sensibilisation urticante l’effet irritant du « ©he » disparaît. De plus les indices de nos sondages en eaux profondes sont favorable au reflet du temps perdu , qui, irrémissible ludion, pris sur l’instant se vit comme un éternel présent.

    le ti poulpe en superficielle profondeur

    sourire

  4. Eh oui, Sourire, on y a certes songé, à rejouer [i]Zabriskie Point[/i].
    La nécessité risque de m’y pousser, d’ailleurs.

    Cela étant, je me préserve de jeter la pierre sur Jean-Pierre Chevènement.
    Pour cela, j’attendrai de savoir s’il loue les studios de sa femme, Nisa, au prix du marché ou à un tarif sensiblement inférieur.
    Au fait, l’histoire des deux apparts d’Ivry a été sortie par l'[i]Agence Bretagne Presse [/i](ABP), du Morbihan. [i]Libération[/i] a le bon goût de la citer.
    Perso, à Paris, un copain et moi (ex-dir. de foyer de jeunes travailleurs), louaient à un étudiant fils d’instit’, très sensiblement en-dessous du prix du marché, un studio qu’on avait acheté à l’état de ruine et fortement retapé.
    On a dû se résigner à le vendre : nos situations s’étaient dégradées (depuis, c’est de mal en pis, mais bon, ne faisons pas pleurer dans les chaumières).
    C’est sûr que si nous avions pu loger en HLM à Paris, nous ne nous serions pas empressés de dégager, sauf si nous avions trouvé du boulot en province, par ex.

    Un truc que je trouve inquiétant. En Grande-Bretagne, au lieu de construire des Council Houses, voilà le gvt. qui incite les gens, par des aides, à devenir petits proprios.
    Cela « responsabilise » d’être propriétaire, qu’ils disent.
    En France, ils ont fait le coup du raté des maisons Borloo (succédant aux chalandonnettes). Autant que je sache, à Belfort, sous municipalités plus ou moins proches (nationalement) de Chevènement, ils ont plutôt opté pour la rénovation et l’extension du parc HLM. Il faut le dire aussi.
    « [i]Au 1er janvier 2004, l’OPDHLM change sa dénomination et son logo, il s’appelle Territoire habitat.[/i] ». C’est le premier loueur du département (bon, ça, c’est facile, il y a peu de très, très grosses fortunes, dans le 90, pouvant étendre un parc immobilier). Mais 11 000 logements sur 40 communes quand même.
    Pour 142 000 h. Pas mal quand même. Surtout en sachant que Belfort même possède un parc très important géré par un autre office.

  5. Les gouvernants, les élus, les fonctionnaires, les banques, les assureurs et quelques autres ont tout intérêt, dans un rassemblement hétéroclite, à ce qu’il y ait le plus possible de propriétaires afin de récupérer à coup sûr les impôts, les échéances des prêts, crédits et autres avances/découverts/facilités de caisse… car ils dépendent tous des moutons/proprios pour leur laine, lait & chair ! (…jusqu’à ce qu’une autre génération renaisse sur les cendres de ces gogos)

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