BURUNDI : Les restes du roi Ntare V, Charles Ndizeye se trouvent là.

                                      

NTARE V Charles NDIZEYE   Michel MICOMBERO      SIMBANANIYE Artémon en costume,

                                                                             actuellement pasteur

 

NDIZEYE Charles était le fils héritier de Mwambutsa IV BANGIRICENGE. Après le coup d’état fomenté par Michel Micombero, alors chef d’état major, ce dernier conseilla au roi de s’enfuir pour la Suisse et à son fils héritier vers l’actuelle République Démocratique du Congo, la RDC.

Ironiquement, Michel Micombero rappelle le Prince héritier Charles NDIZEYE de son exil du Congo pour venir combler le vide du pouvoir laissé par son père MWAMBUTSA IV. Encore jeune, il accepta l’invitation.

Ainsi, le 8 juillet 1966, le prince héritier Charles NDIZEYE, poussé par le capitaine Michel Micombero et Artémon Simbaniye, déposa son père et prit le pouvoir. Ainsi, il désigna Michel Micombero comme premier ministre du Royaume du Burundi.

Dans le respect de la coutume d’intronisation du roi, le 1er septembre 1966 des cérémonies d’intronisation de Charles NDIZEYE sous le nom de NTARE V eurent lieu sur la colline traditionnelle de de la monarchie à Muramvya, sous la bénédiction du doyen des chefs coutumiers, en lisant l’acte d’intronisation.

Un climat de méfiance créé par Michel Micombero et son entourage suffisamment préparé dont les milices armées de la Jeunesse Nationaliste Rwagasore, la J.N.R., devenue plus tard la J.R.R., une grande partie des ministres et l’armée nationale à majorité Tutsi emprisonna tous les officiers de la gendarmerie, à majorité Hutu et renversa le 28 novembre 1966 Ntare V en visite officiel au Zaïre, actuelle RDC.

Destitué, Ntare V  Charles NDIZEYE, se refugia en Allemagne. Entre temps, des négociations pour le retour de NTARE V au Burundi se furent entre Michel Micombero, Président de la République du Burundi et Idi Amin Dada Président de l’Ouganda.

En effet, au mois de mars 1972, Artémon Simbananiye, ministre burundais des affaires étrangères était  à Bruxelles et, curieusement, il avait logé pendant 15 jours dans un même hôtel que NTARE V. Ils se rencontraient à plusieurs reprises. Leur conclusion, le retour de NTARE V à Bujumbura sans inquiétude, non pas pour retourner au trône mais pour gagner sa mère patrie.

Comme convenu, le 21 mars 1972, NTARE V quitta l’Allemagne pour partir vers l’Ouganda où il fut « bien accueilli » par le président Idi Amin Dada.

Accompagné par des officiers ougandais et d’un fils de Léopold Biha, NTARE V regagna Bujumbura le 30 mars 1972. L’avion présidentiel d’Idi Amin Dada regagna l’Ouganda, directement NTARE V fut placé dans un hélicoptère et fut conduit à Gitega, au centre du Burundi. Arrivé dans le cas militaire, NTARE V fut menotté.

Entre temps, des mercenaires formés et entretenus par Micombero et son équipe étaient déjà au sud du Burundi dont Nyanzalac, Rumonge, Burambi et Buyengero.

Le 28 avril 1972 à 12 heures, Michel Micombero révoqua tout son gouvernement à l’exception de Simbananiye Artémon. Le lendemain, le 29 avril 1972, les mercenaires commencèrent à tuer tous les Tutsi et tous ceux qui leur ressemblaient dans le Sud du pays.

Bien avant cette date malheureuse, tous les militaires Hutu du camp de Gitega avaient été mis en congés forcés sans leurs armes. La journée du 29 avril 1972, ils furent tous rappelés d’urgence. Entre temps, un Tutsi militaire au camp de Gitega dont son père s’appelait Audace et son fils Nepomsène, essaya de prévenir à ses collègues militaires Hutu de la colline Rugari Gitamo de ne pas rentrer au camp. Il fut arrêté lui aussi accusé d’être un traitre.

Pendant cette mauvaise nuit, NTARE V, tous les militaires Hutu du camp de Gitega et le militaire Tutsi taxé de traitre furent massacrés à l’intérieur même du camp.

Le corps de NTARE V, Charles NDIZEYE fut transporté à bord d’une brouette vers la forêt de Tankoma en bas  et à une dizaine de mètres de l’ancienne route nationale n°8, à 5 km et quelques 150 mètres de l’actuelle RN8. Il fut enterré dans une fausse commune avec d’autres corps de soldats assassinés.

Pendant la préparation de ce « plan Simbananiye », tout Hutu instruit, commerçant ou tout simplement aisé avait été mis sur une liste, avec de fausses signatures. Ils ont tous été appelé par des militaires ou des J.R.R. pour répondre à une invitation de l’administration. Ils ne sont pas encore revenus jusqu’aujourd’hui et toute famille qui osait faire la levée de deuil sur ces personnes, devrait suivre la même voie.

Ces dernières années, les monarchistes et les autres personnes ont demandé à ce que soit retrouvé le corps de NTARE V. Des experts étrangers avec des équipements sophistiqués ont dépouillé l’ancien cimetière des gens de la colline Birohe, en bas du parc pétrolier. Ils sont partis mains bredouilles.

 

Dans l’angle en haut à gauche de la clôture en tôles sur la photo se trouve le corps de NTARE V

 

Mon grand père, lui aussi qui a failli être tué dans la même forêt et Dieu merci il s’en est sorti sain et sauf après avoir donné 10.000 FBU de 1972, m’a toujours dit le seul mot en lingala : « Tala malamu vuta ngeli ». Ce qui signifie : « Observe avec attention tu verras beaucoup de choses ».

Ma visite dans ma ville natale en février 2014 m’a montré que ces chercheurs ont été mal orientés. La dépouille du roi NTARE V ne se trouve pas là.

Dans l’espace où est entrain d’être construit  un stade, à gauche de l’ancien chemin qui traversait la forêt avant la crise, à quelques mètres de l’extrémité Nord-Est de cette clôture en tôles galvanisées, à l’intérieur de cette petite sorte de montagne dont les arbres sauvages ne sèchent jamais même en saison sèche, là se trouvent les restes du corps du roi NTARE V Charles NDIZEYE.

Quand je marchais avec mon grand père dans cette forêt disparue, mon grand père me disait : « Quand ils ont failli me tué, un des soldats béret vert m’a dit que c’est là où se trouvent les restes du roi NTARE V Charles NDIZEYE.

Bientôt c’est encore le 29 avril, cherchez là-bas le corps du dernier roi du Burundi.