Blanche comme neige

Il y a une semaine, sortait dans les salles de cinéma, l’adaptation du conte des frères Grimm, Blanche Neige. L’occasion pour moi de revenir sur ce récit que tout le monde connait grâce au chef d’œuvre de Disney datant de 1937. Une histoire bien ancrée dans le patrimoine culturel commun.

 

Histoire de se remettre dans le contexte, voilà un bref résumé de la fable. Tout commence dans un royaume où une reine est peinée car elle n’arrive pas à enfanter. Un jour, la neige tombe délicatement, en silence, la reine souhaite avoir une descendance et se pique en cousant, une goutte de sang vient souiller le blanc manteau immaculé. Un signe funeste et prémonitoire.

 

Finalement, la reine tombe enceinte mais dans son malheur, elle meurt en mettant au monde la jeune Blanche Neige. Le roi, désormais veuf, se désole, rejette inconsciemment la responsabilité sur sa fille, puis finit par se remarier avec une femme dont la beauté était aussi grande que sa méchanceté. Les deux femmes du roi, sa fille et sa nouvelle épouse, ne peuvent se voir et une haine croissante se forge jour après jour. La méchante marâtre dispose d’un miroir parlant, un pauvre objet devant faire face à la vanité sans  limite de sa propriétaire dont le principal souci est de savoir « qui est la plus belle ? »

 

La jeune Blanche est belle, trop belle selon sa belle-mère, c’en est trop, il faut la liquider, éliminer la concurrence tant qu’il est encore temps. Le temps, voilà un ennemi altérant la splendeur de la jeunesse. Elle charge un chasseur de la cour d’emmener la princesse dans la forêt afin de la supprimer, pour montrer que le méfait a été accompli, il devra rapporter son cœur.

 

L’homme et la jeune fille s’en vont dans les bois. Finalement, pris de scrupules, il ne peut tuer Blanche Neige et l’abandonne dans ce milieu inhospitalier qu’est la forêt. Il dupe la reine en lui rapportant, non pas le palpitant de sa belle-fille, mais celui d’un porc. Blanche erre entre les arbres et parvient à trouver une maisonnette, certainement assaillie par la fatigue, elle s’y endort. A son réveil, 7 hommes de petite tailles l’entoure et la regarde avec interrogation. Une fois son histoire racontée, les 7 nains décident de la protéger, de l’accueillir sous leur toit.

 

Comme tout se sait un jour ou l’autre, la reine mère apprend que Blanche Neige a survécu à son assassinat organisé. Elle décide de s’en occuper elle-même, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Déguisée en vieille dame, elle approche Blanche Neige dans la maison de nains et lui tend une pomme. Dans le fruit empoisonné, Blanche a croqué et dans un sommeil sans fin, elle a sombré.

 

Les 7 nains, rentrant comme tous les jours du travail à la mine, tombe sur le corps inanimé de leur invité. Pris d’émois, il décide de lui construire un cercueil en verre qu’il dispose en haut, à la vue de tous, pour que tout le monde puisse admirer une telle beauté.

 

La Belle reste là, endormie, son teint conserve tout son éclat. Un jour, un prince, accompagné de son escorte, passe par là. Foudroyé, il tombe amoureux de la charmante gisante. Il sollicite les nains pour pouvoir emmener avec lui, la femme de sa vie. D’un accord collégial, ils lui accordent ce droit. Ses serviteurs portent le cercueil sur la route les menant au château princier. Le chemin est escarpé, l’un des porteurs trébuche, le corps est secoué et un morceau de pomme coincé dans la gorge de Blanche est recraché. Un acte qui a le bénéfice de ranimer la jeune femme. Le prince, officiellement, lui demande sa main, une proposition que Blanche Neige accepte. Le mariage a lieu et la réception est grandiose, toute l’élite est présente, les grands noms sont conviés et parmi ceux-là, la terrible Belle-mère. Tout ce beau monde festoie afin de célébrer la noce, Blanche et son Némésis se croisent, la vieille dame est emportée par un sentiment de jalousie qui lui prend sa vie. Tout est bien qui finit bien.

 

Blanche Neige est un personnage qui a suscité de nombreuses études, derrière cette histoire se cache toute une métaphore sur le long cheminement naturel de la fille devenant femme. Par exemple, l’évocation des tâches de sang sur la neige fait écho aux menstruations. On y apprend que jeunesse et beauté sont des éléments éphémères, de s’y attacher est futile et peut engendrer une vanité destructrice. On note également qu’avec la patience vient la récompense. Le conte relate la condition de la Femme au Moyen Age, tâches ménagères et  autorité du père puis du mari, c’est dans ce contexte que certaines lectrices (et lecteurs) y voient une histoire misogyne.

 

Le personnage de la Forêt est le symbole de l’adolescence. Une période où l’on se cherche, se cogne, on navigue dans un champ jalonné d’embûches jusqu’au moment où l’on devient ce que l’on est, jusqu’au moment où on arrive à l’orée du bois pour y sortir. Le Prince est l’archétype de l’Homme, il n’est pas séduit par Blanche Neige en tant que personne mais par son physique avantageux. En effet, à la première rencontre, elle est dans le royaume des songes et dans l’incapacité de manifester une once d’humanité.

 

Le texte signé des frères Grimm est  certainement le plus connu, il s’agit pourtant d’une mise à jour de textes anciens, moyenâgeux, provenant d’Allemagne. Certaines recherches sur le sujet situeraient l’histoire à la région de la Basse Saxe ou à celle de la Hesse. Ils ont joué les archéologues pour réunir suffisamment de textes, les ont retravaillé et reformulé pour en rédiger le récit que nous connaissons tous aujourd’hui. Au fil des siècles, certains détails divergents sont apparus. Ainsi dans certains cas, celui voulant un enfant à tout prix, c’est le roi, ou bien, Blanche Neige s’enfuit toute seule dans la forêt alors qu’elle était en carrosse avec sa mère. Des petits fragments ne modifiant pas le corps du conte.

La base historique proviendrait du comté de Waddeck. Il y aurait vécu un homme puissant, ayant une fille d’une beauté exceptionnelle et une seconde épouse très vile. A sa puberté, la jeune fille dut se rendre à la cour impériale mais en cours de route, un chemin la menant d’ailleurs dans un village où vivaient 7 nains mineurs, elle mourut dans des circonstances étranges, sans doute empoisonnée. Toutefois cette hypothèse n’est pas officiellement admise.

Une fois de plus la fiction s’est inspirée de la réalité, le récit des frère Grimm n’en est pas à son premier passage sur le grand écran. Même si le film de Tarsem Singh avec Julia Robert, Lily Collins et Armie Hammer ne parvient pas à atteindre la qualité du magnifique dessin animé, une séance de rattrapage aura lieu cet été avec un deuxième long-métrage mettant en avant le rôle joué par le Chasseur. 

5 réflexions sur « Blanche comme neige »

  1. ALERTE SOPHY :
    Vous etes en danger avec le nain :
    [img]http://cdn-games.bigfishsites.com/fr_mystery-legends-beauty-and-the-beast/mystery-legends-beauty-and-the-beast_feature.jpg[/img]
    …qui vient du Danube !!!

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