Les délocalisations ne détruisent pas que les emplois

Thales qui envisage de quitter Rouen pour Singapour, des salariés de Mood Media licenciés pour avoir refusé d’être  »transférés » en Roumanie, des rumeurs de délocalisation d’Honeywell suite à la découverte d’un document confidentiel,  ce ne sont là que quelques exemples de la  »fuite » des entreprises implantées en France vers d’autres cieux. Avec à la clé des pertes d’emplois, mais pas seulement.

Ce n’est un secret pour personnes, la France subit depuis plusieurs années des vagues de délocalisation. Entendez par là le transfert d’une unité de production (l’entreprise) de la France vers un autre pays, en général à faible coût de main d’œuvre. Ce phénomène est directement lié à l’ouverture des frontières et des politiques ultra-libérales menées. Espoir de compétitivité et de hausse des profits pour les entreprises, la délocalisation est le cauchemar des salariés.

Selon une étude réalisée par Katalyse/Ernst and Young et présentée au Sénat en 2005, les délocalisations ne toucheraient plus uniquement le secteur industriel (produits manufacturiers) mais également les services qui représentent près de 70% des emplois en France. Dans une analyse prospective, près de 202.000 emplois devraient être perdus dans le secteur des services sur une période de 5 ans (2006-2010). Les branches les plus touchées seraient les services aux entreprises (conseil, ingénierie, services comptables et juridique, travail temporaire), l’informatique et la recherche-développement. Dans une moindre mesure les banques et les assurances, les télécommunications ou encore les transports.

Au delà des ces aspects quantitatifs, les délocalisations masquent une autre réalité. Une entreprise ce n’est pas seulement une unité de production mais aussi un lieu de formation et d’apprentissage. Quand elle délocalise ce n’est pas seulement des emplois qui sont détruits, mais aussi des compétences qui se perdent. Nous assistons à la disparition de savoir-faire dont seront privés les futures générations. Avec la délocalisation industrielle les francais ne sauront plus quoi faire de leurs mains. Avec celle des services, ce sont leurs cerveaux qu’ils ne sauront plus utiliser.