LOOS EN GOHELLE, la ville du développement durable

Loos en Gohelle fut l’une des principales communes minières du Bassin Nord-Pas de Calais… On y trouve encore les deux plus hauts terrils houilliers  européens et ses petites maisons individuelles anciennes, vestiges de l’habitat minier, témoignent de ce passé  pas si lointain…

Ce gros village rural, devenu une florissante et prospère commune, doit son essor autant à l’agriculture (par la fertilisation des terres incultes, les « rietz » ) qu’à la découverte et à l’exploitation du charbon , qui entraîna au 19ème siècle l’installation d’une population ouvrière nombreuse et active.

Théâtre de combats violents et meurtriers, désertée par ses habitants, la commune est pratiquement complètement détruite en 1915 par les allemands et ne sera reconstruite qu’en 1929, permettant la reprise des activités économiques.

Pourtant dans les années soixante, l’exploitation minière est en déclin  et la courbe démographique s’inverse avant de se stabiliser de nos jours grâce à la création d’activités tertiaires, commerces et artisanat et à la construction de logements sociaux et de lotissements neufs.

Loos en Gohelle aurait pu se contenter de cela et devenir une paisible bourgade sans histoire …Mais c’était sans compter qu’ici  on ne fait rien comme les autres…..Car depuis une vingtaine d’années, le « Cœur de Loos » situé face au parvis de la Mairie, est le théâtre et la vitrine d’un beau projet municipal innovant.

Ce projet , qui participe à la mise en lumière de la commune de Loos dans l’actualité médiatique, s’inscrit dans la redéfinition du territoire  et du patrimoine, marqués par l’histoire, les guerres et le charbon , pour offrir aux habitants un nouveau modèle de croissance plus actuel et propice à la construction d’un monde permettant l’épanouissement personnel et collectif . L’objectif affiché étant de faire d’un territoire meurtri par le développement non durable de la mine  un modèle de développement durable …

Voulu et proposé par les élus municipaux et leur maire Jean-François Caron, ce projet comporte plusieurs volets, tous basés sur le principe du « donnant-donnant » et qui s’appuient sur 3 piliers essentiels : le secteur social , le secteur économique , le secteur environnemental  et un outil indispensable , la participation de tous les acteurs…

En effet, souhaitant que les habitants réalisent en agissant collectivement, que l’intérêt général est plus important que la somme des intérêts particuliers, la mairie apporte son soutien financier et technique aux projets émanant des habitants pour améliorer la vie de leur quartier, réalisés et gérés par eux-mêmes ou avec eux .

Les habitants sont donc étroitement associés à la prise de décisions qui engagent l’avenir de la commune, et l’ensemble de la population est régulièrement invité soit à participer  à l’élaboration des projets communaux  (comités de pilotage)  soit à s’exprimer sur ces projets lors de réunions publiques  ou par le biais de questionnaires. En 20 ans, Loos est ainsi devenu un laboratoire vivant, explorant toutes les pistes possibles pour mettre en œuvre un développement durable.

Les idées fusent et prennent corps dans toutes les directions :

  1. Dans le secteur environnemental pour préserver l’environnement :
  • Création d’une Charte du Cadre de vie permettant de traiter aussi bien la gestion de l’eau , celle de l’énergie, des déchets, des risques des déplacements etc… et création d’un POS posant les bases du projet de ville pour les 15/20 ans à venir.
  • Délimitation d’une ceinture verte de 15km autour de la ville et la réserver aux piétons et cyclistes .
  • Création d’une association écologique « la chaîne des terrils » pour recenser le patrimoine animal et végétal sur l’ensemble du bassin minier.
  • Récupérer les eaux de pluie et les utiliser pour tous les besoins de la commune.
  • Construction d’eco-résidences.
  • Mise en place de panneaux solaires sur les bâtiments publics (Eglise…)
  • Création d’une « oasis comestible partagée » au cœur de Loos , où des bacs accueillent plantes aromatiques, légumes et fruitiers. Ouverte à tous, cette zone est conçue et entretenue par les jardiniers volontaires des associations .La production est donnée gracieusement en libre partage aux riverains et passants pour permettre aux habitants de redécouvrir le jardinage, les circuits courts et l’alimentation biologique.
  • Rénovations des bâtiments miniers en éco-matériaux avec tests de contrôle qui ont permis une baisse conséquente des factures énergétiques.
  • Recours aux matériaux durables.
  • Installation de divers capteurs environnementaux (webcams sur nids d’hirondelles etc…) pour sensibiliser les habitants à la bio-diversité.
  • Préservations des perspectives paysagères et développement des espaces de détente et de loisirs.
  • Opérations de plantations collectives et individuelles et mise en place d’un programme « un jardin dans chaque école »
  • Mise en œuvre de techniques de gestion différenciée des espaces verts municipaux (abandon des traitements chimiques, arrosage à l’eau de pluie, paillage et mulch)
  • Création du maraîchage biologique et vente de paniers de légumes sur le modèle des AMAP)
  1. Dans le secteur économique pour créer de la richesse :
  • L’objectif essentiel : faire de l’environnement et du développement durable les leviers de l’essor économique de la ville .
  • Installation d’une centrale solaire.
  • Reconversion industrielle en liaison avec le développement durable (recherche et pépinières d’entreprises.)
  • Création d’un pôle de compétitivité sur les techniques du recyclage des déchets.
  • Traitement des friches industrielles et réintégration de celles-ci dans le tissu urbain .
  • Diagnostic de l’éclairage public et mise en œuvre d’un programme d’économies d’énergie.
  • La base 11/19 témoin du passé minier de Loos devient peu à peu un pôle d’excellence dédié au développement durable : de nombreuses structures s’y implantent, avec des activités à forte valeur ajoutée ( écocontructions, ecomatériaux, énergies renouvelables).
  • Un partenariat avec la Fédération française du bâtiment a permis la construction de 6 maisons à haute performance énergétique, selon 6 concepts (bois, acier…)  qui rassemblent une vingtaine e techniques innovantes.
  • Le commerce local est privilégié et soutenu par des initiatives municipales afin qu’il se maintienne et se développe en créant des emplois de proximité.
  • Enfin un volet de sensibilisation des habitants de la commune à l’économie solidaire et à la solidarité internationale s’est mis en place : soutien des associations travaillant dans ce domaine, démarche d’achats écoresponsables etc…
  1. Dans le secteur social  pour restaurer l’équité, favoriser la mixité et l’intégration sociale :
  • Développement des Technologies de l’Information et des Communications (TIC) pour que l’information soit diffusée en continue à la population, sous des formes diverses (publications, numériques, manifestations)…
  • Création de parcours sportifs sur les terrils et d’animations « nature et patrimoine » pour les plus jeunes.
  • Création d’évènements sportifs comme la course marathonienne de « la route du Louvre » (42,195km) diverses courses pédestres, randonnées et cyclotourisme…
  • …Accueil de classes d’autres villes (Plaisir dans les Yvelines) pour une rencontre au pied des terrils basée sur le partage et l’échange des connaissances et du vécu des élèves.
  • Mise en œuvre d’une politique jeunesse dynamique, qui s’appuie sur les projets des jeunes eux-mêmes
  • Ouverture de locaux dédiés pour des activités sportives, ludiques, éducatives, musicales ou culturelles avec pour corollaire un soutien financier et technique aux nombreuses associations créées par la population.
  • Mise en œuvre sur toute la commune d’un Plan Santé-Nutrition , ayant pour ambition de contribuer au bien-être alimentaire et physique de la population  en faisant le lien entre le bien-manger et le bien-bouger » avec des animations en milieu scolaire autour du bien-manger et d’une alimentation plus saine, des questionnaires, des conférences-débats etc..

Bien qu’il soit difficile d’évaluer objectivement les actions engagées par la ville de Loos en Gohelle pour en dégager les avancées réelles et les limites, il semble cependant indéniable de constater qu’elles débouchent sur une nouvelle image de la ville.  L’ancienne cité minière , marquée par les drames de l’économie charbonnière aspire à devenir une ville « interprétation du développement durable » permettant le décodage des politiques publiques dans ce domaine.

On ne peut que saluer les efforts, la persévérance, la cohérence de ces démarches et le respect manifesté à une population fragilisée par des décennies d’une économie non durable.

Un beau projet qui s’est nourri d’une réflexion profonde sur la nécessité de redonner des perspectives  d’avenir à un territoire et à ses habitants. Bravo donc à la municipalité de Loos et à tous les acteurs de ce renouveau en devenir ….

Pour les lecteurs intéressés par ce sujet, je suggère la lecture complète du document  très complet dont je me suis inspiré pour l’écriture de cet article :

https://www.loos-en-gohelle.fr/wp-content/uploads/2011/03/Loos-Ville-Pilote-Janvier-2011.pdf