Manga, sexe et otaku : l’art de Takashi Murakami

« Le summum de l’art, c’est de faire du fric ! » Voilà une phrase qu’aurait pu dire l’artiste contemporain japonais Takashi Murakami si Andy Warhol ne l’avait devancé. En effet, les œuvres de Murakami ont enregistré des enchères records depuis 2004 : tandis que la moindre de ses œuvres s’arrache 350 000€ minimum, certaines de ses toiles et sculptures ont dépassé le demi-million d’euros. Depuis sa fructueuse collaboration avec la célèbre griffe de luxe Louis Vuitton débutée en octobre 2002, Murakami est classé en quatrième position des artistes actuels les plus chers du marché de l’art contemporain. Son travail, et plus largement celui des artistes l’entourant dans son atelier, la Kaikai kiki Corporation qu’il a créé en 2001, se présente comme une émanation de la culture des manga et des otaku.

Le manga est le nom donné à tous les dessins comiques ou caricaturaux japonais, et par conséquent aux bandes dessinées. Ce phénomène nippon unique de par son originalité créatrice et sa popularité sans précédent, est rapidement devenu un exutoire idéal pour la jeune génération en quête de nouveaux objets culturels ; statut que lui refuse pourtant encore la partie conservatrice de la population japonaise.

En effet, s’intéresser à cette culture populaire équivaut à mettre en lumière une face secrète de la société nippone : les otaku. Ce terme, dérivant du mot taku (l’habitation) et apparu au Japon à la fin des années 1970, désigne des groupes de personnes, généralement jeunes, qui se sont coupées de la société pour se plonger dans un univers fictif fondé sur les dessins animés (anime), les manga et l’informatique. Ils préfèrent rester enfermés chez eux, dans leur chambre, où ils accumulent de quoi satisfaire leur passion.

Depuis le début des années 1990, les otaku sont devenus sans le vouloir le relais principal entre les phénomènes culturels tirés des manga et le monde de l’art : leurs critiques des bandes dessinées, leurs goûts en matière de figurines féminines, leur sexualité virtuelle ont retenu l’attention de Murakami et influencent considérablement les productions artistiques sortant de son atelier.

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