j’ai testé pour vous : vivre sans permis!

 Souvent mes amis m’ont dit «  toi tu sers à rien ! » N’y voyez là aucune critique mesquine car c’était sur le ton de la plaisanterie qu’on déclarait ça à mon sujet. Je vous explique, car pour comprendre il faut remettre les choses dans leur contexte : je n’ai pas le permis, donc par conséquent pas de voiture, du coup quand le week end nous sortions, Sam ce n’était jamais moi. Le comble c’est qu’en plus je ne bois pas, ou vraiment très peu. Étant donné que je ne tiens pas l’alcool, j’ai souvent préféré le soda aux cocktails alcoolisés, histoire de me souvenir de mes soirées ! D’ailleurs je n’ai jamais compris les personnes (dont certains de mes ami(e)s font partie) pour qui faire la fête est forcément synonyme de beuverie. A quoi ça sert de boire à s’en faire vomir ? En quoi l’alcool aide t’il à faire la fête ? N’arrivent ils pas à être naturels et à se lâcher sans avoir un nombre élevé de degrés d’alcool dans le sang ? Cette attitude m’a toujours laissée perplexe…

 

Mais mon propos d’aujourd’hui n’est pas de faire le procès des soirées alcoolisées ou de faire la morale à quiconque penserait que passer une bonne soirée signifie forcément finir dans le caniveau à vomir ses tripes. Je ne compte pas non plus ouvrir les hostilités avec les automobilistes en faisant l’apologie du « mode piéton ». Non non, même si j’aurai de bonnes raisons de cracher mon venin sur ces gens, je n’en ferai rien. Si j’écris aujourd’hui sur ce sujet c’est simplement pour dire « j’ai pas le permis, je vais bien ne vous en faites pas ! », car oui, aujourd’hui déclarer qu’on a pas ce petit papier rose dans son porte feuille apparaît souvent comme une ineptie. Je vois souvent les yeux de mes interlocuteur s’écarquiller quand je le dis. «  Quoi t’as pas le permis ? Mais comment tu fais ? »

« oh la la t’es bien courageuse, moi je pourrais pas » « ça limite quand même vachement les déplacements » « t’as jamais pensé le passer parce que la voiture c’est l’indépendance tu sais… »

Bon il faut être honnête, ne pas avoir le permis n’est pas sans contrainte. Celui qui, dans ma situation, déclarerait qu’il n’en est rien est un menteur… ou alors faut qu’il m’explique. Il en va de même que celui qui déclarerait qu’être détenteur du petit papier rose fait de lui une personne libre de toute contrainte. Les deux cas présentent leur avantages et leur inconvénients.

Vous avez dit indépendant ?

Soyons clair : avoir le permis sans avoir de voiture à disposition ne sert strictement à rien au quotidien. Certes, on peut prendre en considération le fameux « au cas où », mais concrètement, je ne connais pas beaucoup de personne à l’aise au volant quand ils ne conduisent pas régulièrement, la plupart finissent par perdre leurs réflexes et certains vont même jusqu’à en oublier le fonctionnement d’une voiture.

Donc déjà là le « avoir le permis rend indépendant » tombe à l’eau. Ben oui ! Les premières années on reste dépendant à la fois du bon vouloir de papa et maman pour qu’ils acceptent de nous prêter leur voiture et des transports en communs, car il est rare que la voiture soit offerte en récompense de l’acquisition du fameux sésame.

Par ailleurs, si moi pour aller d’un point A à un point B, je mets plus de temps que vous qui êtes véhiculés, le temps que vous gagnez sur le trajet, vous le perdez souvent à trouver une place pour garer titine. Ensuite alors que vous devrez fréquemment vérifier l’heure pour remettre de l’argent dans le parc-mètre, moi, une fois descendue du bus-tram-train ou ayant cadenasser ma bicyclette, je suis tranquille. Je n’ai pas besoin non plus de me préoccuper de l’emplacement où je dépose mon vélo, de me dire « il faut que je le bouge sinon la fourrière va me l’embarquer » quand ça fait deux jours que je ne l’ai pas utilisé. La plupart des logements ayant une cave, une cours voire un garage un vélo, je ne connais pas ce genre de problème. Au pire, il me restera toujours l’option de l’entreposer dans mon appartement, certes c’est pas le plus pratique mais la solution est toujours envisageable, alors que je vois mal mon compagnon garer son auto dans notre salon !

 

Alors oui avoir une voiture rend indépendant des horaires imposés par les compagnies de transports en communs, mais il n’empêche qu’un automobiliste reste dépendant de sa voiture !

 

Parlons argent.

 

Sans évoquer le coût de la formation nécessaire pour obtenir le permis de conduire, ni prendre en compte le prix d’une voiture et du timbre fiscal de la carte grise, avoirune voiture ça coûte cher !

L’assurance revenant au bas mot à l’équivalent d’un loyer, ce à quoi se rajoute l’entretien (contrôle technique, révision, réparations…), l’essence et les dépenses annexes (place de parking, location de garage, péages, contravention) un automobiliste dépense environs trois mille euros par an rien que pour sa voiture.

 

Moi, mon vélo ne me coûte rienou presque (peut être 50 euros par an si j’ai pas de chance), et à l’année le prix d’une carte de bus est de l’ordre de 440 € et j’ai deux mois d’offert. Et la je ne parle pas des réductions diverse et variée auxquelles je peux avoir droit : -50% pour un abonnement travail, possibilité d’avoir un tarif négocié en fonction de mon quotient familiale de la CAF, tarif spéciaux demandeur d’emploi etc… ça m’étonnerait que Total fasse des réductions à la pompe si vous présentez votre carte d’allocataire !

 

Vous me direz « oui mais pour les long trajets ? » ! Bien évidemment qu’un billet de train, au regard des tarifs de la SNCF, ça coûte cher. Cela dit, je n’ai pas souvent l’occasion de me déplacer au quatre coins de la France et même si cela était le cas, je suis persuadée que je dépenserai toujours largement moins que ce que dépense un automobiliste à l’année, la compagnie ferroviaire proposant elle aussi des tarifs avantageux pour les personnes très mobile. Et pour ce qui est des déplacements quotidiens en TER, pour l’avoir déjà tester et comparer, avec un abonnement de travail le prix de mon billet de train revient moins cher sinon au même prix que ce que me coûterais le carburant pour le même trajet.

 

Mobilité chérie.

 

Il faut avouer que sur ce coup là, la voiture gagne largement. Avec le permis, on peut aller n’importe où en beaucoup moins de temps qu’en transports en commun ou à vélo. Ne dépendant pas d’horaires précis, on est aussi beaucoup plus flexible.

Cela dit, le mode piéton n’enlève en rien à la mobilité car, vivant dans une région possédant le plus vaste réseau de piste cyclable et de transports en commun, on peut aller partout (ou presque) sans prendre la voiture.

 

Effectivement, pour la promenade dominicale, la voiture est plus intéressante : faire la route des vins ou monter au champs du feu à vélo c’est pas le top. Pourtant je me demande franchement qui ferait la route des vins TOUS les dimanches ?

Par ailleurs, je ferais remarquer aux défenseurs de l’automobile qu’une fois les factures payées, les courses faites et toutes les dépenses mensuelles assumées, il ne reste pas beaucoup d’argent pour mettre de l’essence dans le réservoir pour partir à l’aventure sur les routes alsaciennes le dimanche après midi…

 

Alors oui, en voiture on est plus mobile. Faire les courses en auto c’est plus pratique qu’a pied surtout pour porter les packs de laits… Mais moi j’me fais livrer, donc ça m’évite la lourde corvée de : porter les courses du supermarché à la voiture, de se casser la tête pour savoir comment tout va rentrer dans le coffre, s’énerver parce qu’il n’y a jamais de place devant l’immeuble du coup être obligée de se garer en double file, re trimbaler les courses de la voiture à l’appartement en courant dans les escaliers (parce que, habitant sur un boulevard, laisser sa caisse en double file comme ça, ça craint), encore être contrainte à re faire une Nième fois le tour du quartier pour au final trouver une place à trois km de chez soi et enfin faire son footing de la semaine parce que le surgeler qui dégèle…

 

« Je suis mieux dans ma voiture »

 

Ok alors là c’est à chacun de trouver midi à sa porte ! Parce qu’honnêtement, je ne sais pas ce qui est mieux entre se prendre la tête dans les bouchons, attendre le bus ou pédaler sous la neige (ou la pluie au choix). Je serais bien de mauvaise foi de déclarer la bouche en cœur que ça je n’ai jamais penser au confort de la voiture quand j’attendais le bus en plein hiver. Idem pour les fois où je finissais tard le soir, et, après une journée de boulot, je n’avais qu’une envie c’est de rentrer chez moi au plus vite et que pédaler une demi heure ne m’enchantait guère.

 

Mais… parce qu’il faut toujours un mais… je ne crois pas que je serais mieux en voiture qu’en vélo (ou à pied/transports en commun). Après une journée de travail, où le quotta de stress s’ajoute à la fatigue, je ne sais pas si on est vraiment mieux en voiture à s’énerver dans les bouchons, à insulter les autres automobilistes parce qu’ils roulent comme des pieds, à frôler l’accident 15 fois parce que les gens ne regardent pas avant de traverser ou parce que les routiers se croient tout permis sur l’autoroute et quand enfin arriver devant chez soi,s’énerver parce que on ne trouve pas de place et que titine, on est obligé de la laisser à l’autre bout du monde …

 

Non non, moi je suis bien mieux en vélo, longeant la piste cyclable en prenant mon temps pour décompresser et en profiter pour admirer le paysage. Oui même en bus-tram-train, je suis mieux parce que là au moins c’est pas moi qui conduit et je peux lire ou simplement rêvasser jusqu’à destination… Et moi j’adore rêvasser !

 

Un choix

 

Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas le permis et je n’en suis pas morte. C’est un choix que j’ai fais il y a longtemps, de ne pas le passer. Je ne trouvais pas ça rentable, pas nécessaire quand on vit en ville et incitant à la fainéantise (du moment qu’on a le permis et la voiture on a tendance à oublier qu’on a des pieds). Par ailleurs, la voiture pollue, le vélo non… Enfin bref, de multiple raison ont motivée mon refus.

 

La voiture est un luxe, un petit confort. C’est sur que c’est sympa et pratique, mais sans on peut vivre aussi (peut être même mieux). C’est justement ce côté pratique qui me fait penser que je vais peut être le passer un de ses quatre, parce que si, dans la vie de tous les jours, la voiture ne sert à rien, pour trouver un boulot ça peut aider… au moins pour ne plus me retrouver lors d’un entretien avec des questions du genre : « mais vous avez pas le permis ? Comment vous faîtes pour venir ? », ce à quoi je réponds « t’es à dix minutes en vélo du c.. ! Tu crois vraiment que la voiture est indispensable ? » « je me débrouille », avec un grand sourire…