Au fil des Gardons, une énigme hydro-orographique.

Cours d’eau méditerranéen et affluent du Rhône, le Gardon, encore appelé Gard, naît de la confluence de différents Gardons, – ou petits Gards -. Jalonnée de villages et de sites naturels d’une beauté grandiose, avec pour point d’orgue le Pont du Gard et, pour aboutissement, les quatre très belles cités que sont Saint Martin de Lansuscle, Anduze, Uzés et Beaucaire, la rivière invite aux ballades foisonnant de charmes.


Le bassin versant des Gardons.


Le Gardon, d’une longueur nominale de 127 kilomètres, est constitué d’un réseau hydrographique complexe. Plusieurs ruisseaux, affluents de cette rivière lozéro-gardoise, prennent, associé au nom d’une ville ou d’un village, la dénomination générique de Gardon : Gardon de Saint Martin de Lansuscle, Gardon de St Jean du Gard, Gardon de Saint Germain de Caberte, Gardon d’Alès, Gardon d’Anduze… Aussi, étant difficile d’établir géographiquement, mais non hydrologiquement, quelle est la rivière principale et quels en sont ses affluents, quasi tous dénommés Gardon, tout son bassin versant a été recensé sous le toponyme « les Gardons » plutôt que Gardon ou même Gard éponyme du département.

De la confluence du Gard et du Rhône, entre les villes de Comps et de Montfrin, et remontant le cours d’eau vers sa source hypothétique, si des rivières d’importance égale mêlent leurs eaux, chaque nouvelle confluence génère, automatiquement, deux Gardons. Difficile, lors, en advient de générer un cours d’eau principal qui drainerait les eaux de ses émissaires tout au long de son bassin versant qui s’étend sur plus de 2.150 kilomètres carrés et regroupe, au moins, 150 communes hébergeant, dans leur globalité, plus de 200.000 personnes.


Le Gard institutionnel.


Entre les énormes masses plutoniques du Mont Lozère au Nord, et du Mont Aigoual au Sud, les Gardons prennent tous leurs sources, au cœur des chaînes sinueuses et parallèles, aux crêtes déchiquetées délimitant des vallées encaissées, fermées et borgnes, et aux versants méditerranéens abrupts, des Cévennes. Ainsi, entre 700 et 900 mètres d’altitude, de La Can del’Hospital à l’Ouest, aux pentes de la montagne du Bougès, à l’Est, s’animent à la vie les Gardons originels de Saint Jean du Gard, de Sainte Croix-Vallée Française, de Saint Germain de Calberte, de Saint Martin de Lansuscle et de Déze.

Sept kilomètres avant la sortie du département de la Lozère, la réunion des Gardons de Sainte Croix, point d’orgue de la Vallée Française, et du Gardon de Saint Etienne qui, au lieu-dit « Le Pont de Burgen », résulte de la jonction des gardons de Saint Germain et de Saint Martin, forment, sur la commune du Martinet, le Gardon du Mialet. Au « Mescladou », proche de la fameuse bambouseraie, celui-ci conflue avec le Gardon de Saint Jean, engrossé du Gardon de Lassale, pour donner une âme au fougueux Gardon d’Anduze.

Parallèlement, dévalant de la Vallée Longue, le Gardon de Déze, s’unissant aux valats qui dégringolent des serres escarpées jalonnant le col de Jalcreste, donnent cours à l’impétueux Gardon d’Alés.

En amont de Ners, à Ribaute, les Gardons d’Anduze et d’Alès fusionnent leurs eaux et donnent le « Gard », – jusqu’au pont éponyme, le cours d’eau est toujours appelé Gardon par les gens du pays -. qui rejoint le Rhône au niveau de la commune de Comps.


Le Gard référentiel.


Malgré la multiplicité de Gardons, plus de 15 recensés entre les départements de la Lozère et du Gard, et le nombre conséquent d’affluents principaux, – L’Alzon, l’Avène, l’Auriol, le Bourdic, la Droude, la Braune, l’Esquielle, le Galeizon, le Grabieux, la Gravelonque, la Salindrenque et les Seynes -, l’usage ancestral, voire millénaire, conçoit que la source du Gard se confond avec celle du Gardon de Sainte Croix située sur le terroir de la Bastide à Cripoulés.

Et, remontant le Gard, depuis son point de confluence d’avec le fleuve Rhône, le mélange des eaux des tributaires, tant rive gauche que rive droite, se mêlant en minces filets filant le long des berges, désignent nommément la succession des divers cours d’eau afin d’en accéder à sa source originelle : Le Gard, le Gardon d’Anduze, le Gardon du Mialet et le Gardon de Sainte Croix.

Bien que le nommage ne corresponde pas tout à fait au nommage institutionnel, et pour cause hors la tradition séculaire, le Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau, – Le SANDRE -, pour les besoins de sa classification, a considéré que le cours d’eau principal, colonne vertébrale de tout le bassin versant des Gardons, en est le Gardon qui prend sa source à Saint Martin de Lansuscle.


Le Gard, cours d’eau méditerranéen.


De par sa situation, sur le pourtour méditerranéen, le Gard est très affecté par le climat propre à cette région. Il subit les atteintes de la sécheresse qui y sévit en été et celles consécutives aux excès pluviométriques, les gardonnades, qui s’abattent sur la région lors des épisodes cévenols. De fait, son débit se caractérise par l’irrégularité des apports pluviométriques et est étroitement associé à la double entité « trop avec risques d’inondations » et « manque » relative en disponibilité des ressources en eau, une disponibilité importante tant pour l’alimentation des habitants des communes limitrophes que pour les besoins propres à l’agriculture.

Mais les Gardons mêlent une identité forte et, leur conférant des richesses naturelles et un patrimoine culturel, architectural et historique inégalés, baignent des micro pays riches et variés.

Raymond Matabosch.