Association française du Titanic — « Je suis Berthe Leroy du monde ! »

Un siège à Isbergues ? Non, plus inattendu : l’Association française du Titanic est basée à Bruay-la-Buissière…

« C’est pas en bord de mer », s’esclaffe Christian Gorrée-Wéry, président depuis 2001 de cette communauté initiée par des Parisiens en 1997, avant la sortie du film aux vingt millions d’entrées en France.

« Ce n’est pas un fan club du film de James Cameron » confirme Thierry Dufournaud, adhérent de la première heure. Il s’agit pour la centaine de membres, tous passionnés, « de tordre le cou aux idées reçues », de faire des recherches sur les passagers, le personnel, sur les grands bateaux, etc. Un travail de mémoire autour de ce qui reste le naufrage « mythique » du XXème siècle.

Un naufrage associé à la course au gigantisme, au luxe démesuré, à la médiatisation galopante, à l’émigration vers les États-Unis également. Avec une belle galerie de « petites histoires ». Comme celle de Berthe Leroy. Si le couple Gorrée-Wéry a rejoint l’association c’est avant tout grâce à cette rescapée du Titanic, fille de mineur, « la cousine de la grand-mère de ma femme » explique le président, dont le destin est taillé sur mesure pour les scénaristes de Hollywood.

« Elle a réalisé, de 1908 à 1964, le rêve américain sans s’en rendre compte », renchérit Thierry.
Berthe naît le 10 août 1884 quelques minutes après sa sœur jumelle Marthe, dans une maison de coron à Hersin-Coupigny. Le noir et le gris sont de mise dans son existence : mort du papa quand elle a quatre ans, les ménages au lieu des leçons…
À 19 ans, Berthe décroche un job à Paris et rejoint début 1910 le « staff » de Walter Douglas, un capitaine d’industrie américain, devenant la dame de compagnie de sa très « moderne » épouse Mahala. Elle voyage alors à travers le monde. Et monte à bord du Titanic le 10 avril 1912 à Cherbourg. Cabine en première classe, partagée avec Augustine, dame de compagnie elle aussi. Dîners de gala. La vie en rose. Elle dort au moment de la collision avec l’iceberg le 14 avril ; tarde à quitter le paquebot.
Berthe se retrouve finalement dans le canot de sauvetage numéro 2 dont les occupants sont recueillis par le Carpathia le 15 avril à quatre heures du matin. Elle tombe dans les bras de Mahala. Elles ne se quitteront plus jusqu’en 1945. Le corps de Walter est retrouvé quelques semaines plus tard. Pour Mahala et Berthe, gouvernante et confidente, la vie continue, hantée par la terrible nuit.
Juste avant la Grande Guerre, Berthe tombe par hasard à Boston sur un copain d’enfance, Gaston Bourlard de Labourse, émigré au Québec puis dans l’Ohio. « Qu’est-ce que tu fais là toi ? ». Ils se marient en 1928. Gaston est promu chauffeur de Mahala.
« Berthe côtoie des grands de ce monde, elle effectuera une quarantaine de traversées de l’Atlantique », précise Chr. Gorrée-Wéry, le paquebot France la ramenant pour de bon sur le sol natal en août 1964.
Avec une bonne fortune, Berthe Bourlard-Leroy passe huit années dans la résidence Sully à Béthune, où elle s’éteint le 4 juillet 1972.
Trente-sept ans plus tard, grâce à l’Association française du Titanic et comité historique d’Hersin-Coupigny, trois mots ont été gravés sur la tombe de Berthe : « Rescapée du Titanic ». Thierry Dufournaud ne cesse plus de décortiquer la vie de Berthe, rêvant de publier une biographie avec dans la foulée une adaptation pour le cinéma.
Comme chanterait Céline : « His heart will go on » !

2 réflexions sur « Association française du Titanic — « Je suis Berthe Leroy du monde ! » »

  1. Hoho, Benj, je ne savais pas que Berthe faisait partie des people gays !!! Quentin Mossimann, encore, ça passait…

    Allez, je vous taquine, c’est parce que je vous aime bien ! Heureusement, vous ne nous avez pas mis de photos nues…

    ;D ;D

  2. ;D ;D ;D

    Je ne peux pas rédiger que des articles ayant un rapport avec l’homosexualité, il n’y a pas que cela dans ce monde de brutes 🙂

    Vous avez raison, heureusement que je n’ai pas mis de photos nues, je ne pense pas que cela serait très beau à voir…

    Une petite pensée pour Berthe quand même 🙂

    Amicalement,
    Benjamin

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