ADDIOPIZZO, LA LUTTE ANTI MAFIA

Il existe à Palerme, un groupe de jeunes qui s’oppose à la mafia.

Leurs armes : la prise de conscience des consommateurs et le sursaut des commerçants.

Ils sont plus de 700 épiciers, restaurateurs, hébergeurs… à afficher leur refus de payer  un « impôt » mafieux.

 

Leur mot d’ordre est « Pago chi non paga », je paie à qui ne paie pas !

Ils ont fondé une association avec un slogan interpellateur « Un peuple  qui paie le pizzo, est un peuple sans dignité."  

Elle se nomme addiopizzo, ce qui veut dire adieu pizzo. Le « pizzo » est le nom du racket payé à la mafia, par les commerçants de la Sicile.

Ce sont de jeunes étudiants très lucides et très modestes.

Si vous leur dites qu’ils sont courageux, ils vous répondent que l’union fait la force.

Leur idée est simple et géniale : Ils ont demandé aux habitants de Palerme de signer un engagement, qu’ils n’achèteraient qu’à des commerçants qui ne paieraient pas cet « impôt ».

Forts de plusieurs milliers de signatures, ils ont été voir les commerçants, afin qu’ils s’engagent à ne pas payer cet impôt. En contre partie ils figureront dans un guide « Le guide pour le consommateur critique, addiopizzo ».

Cette association réside dans une maison confisquée à la mafia.

Je vous propose une rencontre avec Salvatore, un de ces jeunes qui est engagé dans cette lutte :

{youtube}SMDJ9IWgPSk{/youtube}

   

Tout le monde connaît les juges Falconne et Borcalino, les symboles de la lutte contre la mafia. Moins connu, il y a aussi une autre personne qui a incarné cette lutte : Pépinno Impastate.

Pépinno Impastate était un journaliste radio et homme politique (communiste et autonomiste). Dans la nuit du 8 au 9 mai 1978 il fut assassiné par la mafia.  

Il été candidat aux élections locales. Quelques jours plus tard, il sera malgré tout élu au conseil municipal.

La Sicile est une île magnifique. Les gens y sont très accueillants et très sympatiques. Les paysages sont grandioses.  

A tous ceux qui, un jour, auront le plaisir de visiter la Sicile, voici une adresse pour consommer responsable :

 

http://www.addiopizzo.org/francais.asp

13 réflexions sur « ADDIOPIZZO, LA LUTTE ANTI MAFIA »

  1. [b]Ces jeunes gens s’exposent à une triste fin car leur foi et leurs moyens sont dérisoires vis à vis de l’immonde organisation. C’est à l’État italien de mettre des moyens de lutte sans merci mais lui-même gangréné …
    La mafia s’arroge le permis de tuer et qu’en est-il de la réciproque à propos des forces de l’ordre ?[/b]

  2. C’est en raisonnant comme vous que la mafia perdurera! Si l’Etat voit tout un peuple s’unir et se bouger le cul contre la mafia ils vont forcément suivre. Ce qui empêchera l’implantation d’un politicien/mafieux véreux par la suite et briser ainsi ce cercle vicieux. Il est normal que 99,5% de la population Sicilienne en ait marre de se faire emmerder par 0,5% de mafieux et se rebelle!! J’ai eu la chance d’aller à Corleone il y a deux ans et j’ai discuté avec quelques autochtones qui m’ont confirmé que les mentalités à l’égard de la mafia avaient bien changés depuis 2006 (date de l’arrestation de Bernardo Provenzano aux environs de Corleone), le combat doit continuer, c’est une noble cause, ne serait-ce que par respect pour le travail entrepris auparavant par Falcone et Borselino..

  3. Voici un commentaire, dont je ne connais pas l’auteur et qui n’a pas été publié.
    Je ne connais pas la raison, alors je le publie moi même.
    Il serait bien que les administrateurs du site expliquent le pourquoi (problème technique?).
    « C’est en raisonnant comme vous que la mafia perdurera! Si l’Etat voit tout un peuple s’unir et se bouger le cul contre la mafia ils vont forcément suivre. Ce qui empêchera l’implantation d’un politicien/mafieux véreux par la suite et briser ainsi ce cercle vicieux. Il est normal que 99,5% de la population Sicilienne en ait marre de se faire emmerder par 0,5% de mafieux et se rebelle!! J’ai eu la chance d’aller à Corleone il y a deux ans et j’ai discuté avec quelques autochtones qui m’ont confirmé que les mentalités à l’égard de la mafia avaient bien changés depuis 2006 (date de l’arrestation de Bernardo Provenzano aux environs de Corleone), le combat doit continuer, c’est une noble cause, ne serait-ce que par respect pour le travail entrepris auparavant par Falcone et Borselino.. »

  4. « Joaq08, c’est en raisonnant comme vous que la mafia perdurera! » c’est peut-être votre raisonnement qui ne convenait pas à cet inconnu, pour ma par je trouve qu’au contraire votre article est très bien fait , équilibré et responsable.

  5. Il y a méprise Zelectron, Je partage entièrement le commentaire de Ninuzzo!
    Par contre, si on suit votre raisonnement, l’état devrait se comporter comme ceux qu’il est censé combattre.
    Ce qui fait la dignité d’un peuple et d’une nation (comme le revendiquent ces jeunes), c’est de rester ferme sur ses valeurs. Tuer un assassin, reste un assassinat.
    Un grand bravo à ces jeunes, ces commerçants, ces juges, ces politiques, ces flics… qui restent intègres. Ce n’est jamais une sollution de combattre la violence par une autre violence.
    Le droit doit rester la seule voix possible!
    Je partage également votre vision, cher Ninuzzo, des changements qui sont intervenus ces dernières années, dans mentalités des Siciliens. Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir se laisser faire. Il faut savoir également que l’Italie est le seul pays en Europe à confisquer les biens des mafieux qui sont arrêtés.
    Du coup, ils sont nombreux à venir se réfugier en France et ailleurs!

  6. [b]Vous lisez mal Joaq08 il y a un point d’interrogation à la fin de ma phrase, à telle enseigne qu’à Toulouse… (et vous allez me dire que ce n’est pas la même chose?) je m’étonne que vous choisissiez « une méthode de la joue gauche ». Je suis encore plus que vous pour un état de droit, sachez le. La police française ne nous raconte pas ce qu’elle confisque tous les mois …[/b]

  7. Bonjour aux intervenants

    Faire valoir l’Etat de droit, face à la puissance de la mafia, assurément! Mais si des jeunes, en Sicile, s’opposent à la mafia par les moyens décrits dans cet excellent article de joaq08, c’est bien parce que l’Etat de droit, quand il s’agit de la mafia, n’existe pas. En tout cas pas jusqu’au dernier gouvernement de Berlusconi, puisque lui-même est – depuis fort longtemps – de connivence avec la mafia. Et quand le général Dalla Chiesa, qui combattit la mafia, y perdit la vie, c’était Andreotti qui était, à cette époque, en tant que personnage politique à la fois le plus puissant et le plus influent de l’Etat italien, de connivence avec la mafia.

    Et quand l’Etat de droit – qui est censé lutter contre la mafia – est à ce point pourri et corrompu, il n’y a qu’une dictature pour lutter efficacement contre. La preuve: depuis la naissance de la mafia sicilienne dans les années 1870-1880, le seul qui a véritablement réussi à faire le ménage en Sicile; autrement dire le seul qui a su complément éradiquer la mafia, fut, et c’est triste à dire, Mussolini.

    Et cette même mafia sicilienne de renaître à la vie, durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque, à l’initiative de sa soeur, la mafia américaine, elle permit aux Forces Alliées de pénétrer en Sicile, tête de pont méditerranéenne d’une Europe dominée alors – du moins jusqu’en 1943-1944, par l’Allemagne hitlérienne.

    C’est donc, en résumé, grâce aux Américains (parmi lesquels figuraient des Siciliens qui étaient eux-mêmes des mafieux, aux Etats-Unis) que la mafia sicilienne a pu renaître en quelques sorte de ses cendres.

    Et parce que les générations actuelles de la mafia ont fait des hautes études, ils placent et gèrent l’argent de la mafia comme les véritables investisseurs entrepreneurs professionnels qu’ils sont. Et comme ils travaillent eux-mêmes à l’échelle mondiale, quantité d’affaires (restaurants, magasins, casinos, hotels, cités balnéaires, etc.) florissant dans le Nord de l’Italie, en Allemagne, en Angleterre, en France, aux Etats-Unis, ou ailleurs, vivent et prospèrent, aujourd’hui, sur l’argent (recyclé) de la mafia.

  8. C’est une évidence de constater que l’état de droit n’existe pas sous Berlusconi.
    Tout n’a été que complicité et corruption avec ce gouvernement.
    L’honneur d’une nation se trouve aussi dans des individualités.
    Il n’y aurait qu’une dictature pour lutter efficacement contre ?
    Quel serait le sens, l’utilité, de remplacer une servitude par une autre ?
    Je crois que l’histoire finira par donner raison à ces militants des droits de l’Homme et de la dignité.
    Ils sont d’autant plus admirables, qu’ils mènent ce combat en toute lucidité et modestie.
    Oui, Clgs11, la mafia à changé. Elle est en col blanc. Elle place son argent dans les paradis fiscaux. Ceux, dont notre cher président avait annoncé la fin !
    Cependant, le principe reste toujours le même : Ponctionner les plus faibles !
    Ce jeune me disait, que le Pizzo était supportable pour le commerçant.
    Comme des sangsues, des parasites, ils doivent maintenir en vie son hôte pour prospérer.

  9. Bonsoir Joaq08. Vous avez raison de souligner que les individus peuvent jouer un rôle, à l’exemple des jeunes Siciliens que vous citez, dans la lutte contre la mafia. Mais si, pour nous situer en dehors de la dictature mussolinienne, nous regardons quel fut, aux temps récents, le premier personnage à avoir pu disposer de moyens appréciables pour lutter contre cette pieuvre, nous nous apercevons qu’il s’agit du général Dalla Chiesa, puisque celui-ci eut, à sa disposition, plus exactement sous ses ordres, une armada de brigadiers qui, du fait même de leurs réussites, sous la conduite du général, dans leurs enquêtes financières, pour épingler la mafia, provoqua sa propre perte. C’est ainsi qu’il fut tué, sur décision – sauf erreur de ma part – de la Coupole, quand ses enquêtes mirent en danger cette même Coupole. Et il aurait définitivement mis fin à la mafia s’il avait pu obtenir les pouvoirs spéciaux et les moyens logistiques qu’il demandait, à cette époque, au gouvernement de Rome. Même chose plus tard avec les Juge Falcone et Borselino.

    Toujours à propos de Dalla Chiesa, on peut d’ailleurs lire, sous le site http://bases.ourouk.fr/unite/u-result_frame.php?catalogueID=10697&Rubrique=Littérature, un article de Claude Glayman, à propos d’un livre écrit par le propre fils du général Dalla Chiesa, intitulé « Le meurtre du père », et sous-titré ainsi :  » Nando Dalla Chiesa dénonce, arguments à l’appui, ceux qui ont sciemment envoyé son père au massacre »;ou l’on peut lire ceci :

    [i] »Les moyens logistiques lui ont été refusés, une connexion a été établie entre la Démocratie chrétienne locale et l’un de ses dirigeants au plan national, Giulio Andreotti (l’actuel ministre des Affaires étrangères), nommément dénoncé, arguments à l’appui. Mais le général avait foi en sa mission, les activités de la Mafia lui paraissaient s’inscrire dans une même perspective de déstabilisation de l’Etat que celles du terrorisme : il pensait que Palerme était la plaque tournante d’une Mafia modernisée, engagée dans le trafic de la drogue. Sachant que le courage personnel doit être opposé aux méthodes d’intimidation, il réunit des maires, se rend dans des lycées, prend contact avec les habitants, noue l’alliance avec l’Eglise par l’intermédiaire du cardinal Pappalardo, dialogue avec les syndicats, les partis de gauche et du centre, contre-attaque psychologiquement dans la presse, etc. D’après son fils, le climat semblait s’inverser. Et ne serait-ce pas en raison du réveil des « Siciliens honnêtes » se prenant à espérer que la Mafia ait décidé de supprimer son redoutable adversaire. »

    Et peut-être les jeunes Siciliens dont vous parlez, se sont-ils inspirés, dans leurs propres luttes, de ces luttes isolées de la part de gens haut placés qui, vu leur honnêteté foncière, perdirent leur vie dans la lutte contre la mafia. [/i]

  10. Ces jeunes que j’ai rencontrés, considèrent que les temps sont différents et propices à une prise de conscience du peuple. Plus de 10000 signatures uniquement dans Palerme, pour acheter « critique », ce n’est pas rien!
    Ils considèrent également, que le nombre fait leur force.
    Ils ne pensent pas devenir des victimes innocentes de la Pieuvre!
    Mettre en avant Pepinno, c’est aussi montrer qu’il n’y a pas de fatalité.
    (Pepinno était issu d’une famille mafieuse).
    Dans cette nouvelle lutte, les armes ne seraient pas d’un grand secours.
    Le sursaut populaire et le contrôle des flux financiers, sont bien plus efficaces!
    Pour cela, il faut aussi interdire le secret bancaire et les paradis fiscaux.

  11. Merci joaq08 pour ces précisions. Comme vous dites, 10’000 signatures ce n’est pas rien, et j’espère, comme vous, que cette nouvelle manière de lutter contre la mafia aura le succès qu’il mérite.

    Concernant le secret bancaire et les paradis fiscaux, votre remarque me remet en rémoire le temps où, en Suisse, j’ai travaillé quelques semaines à Lugano, cité située à 80 km environ de Milan et près de laquelle se tient une petite cité – Campione – qui se situe elle-même en Italie (laquelle forme une enclave, à cet endroit, à l’intérieur de la Suisse) et abrite un casino très important. Or je peux vous assurer que ce casino blanchit l’argent de la mafia, lequel est placé ensuite dans les banques de la Suisse italienne en raison du secret bancaire.

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