« A bras ouverts » : et si on retrouvait le goût de la bonne vieille comédie française ?

Vu en avant-première – « A bras ouverts ». Le dernier film de Philippe de Chauveron, avec Christian Clavier en guest star, fait déjà beaucoup de bruit. En bref, une famille « bobo de gôche » accueille, par humanisme et peut-être un peu de bonne conscience, une famille rom. Un choc des cultures mis à l’écran et une polémique plus tard, il est peut-être temps de sortir des débats sans fin et de laisser, pour une fois, son regard acerbe et critique de côté…

                Accusés de racisme et de xénophobie, Christian Clavier et son équipe se sont rapidement –et justement- indignés face à ces accusations. Certes, la manière et la main du metteur en scène peuvent apparaitre un peu lourdingues, artificielles, voire même carrément « beaufs ». Mais, au-delà du film, se pose la question des limites de l’humour. Et des limites, il n’y en a pas. Ou du moins, ce film ne les dépasse pas.

                La comédie française a l’habitude de se moquer de toutes les franges de la société, de toutes les origines et orientations sexuelles. Ce droit à l’irrévérence est son moteur, son essence et sa raison d’exister. Avec la comédie française, chacun en prend pour son grade. Rappelons-nous de « Papy fait de la résistance », où certains de nos plus grands héros étaient largement tournés en ridicule, dans des tenues et attitudes bonhommes et grotesques. Rappelons-nous aussi « Les Visiteurs » où l’aristocratie un peu « fin-de-race » apparaissait comme désuète et inadaptée à une société qu’elle ne comprend plus. L’amateur de comédie que je suis pense directement au George Dandin de Molière quand le comte Godefroy de Montmirail déplore la mésalliance de sa noble descendance avec un vulgaire grand-bourgeois, dentiste de son état. Cette même grande bourgeoisie, incapable d’accepter la diversité culturelle et les choix de ses filles est parfaitement satirisée quand Claude Verneuil, notaire tourangeau, gaulliste et catholique se demande « qu’est-ce qu’il a fait au Bon Bieu » pour subir cet odieux métissage. Quant à l’armée française, si adulée dans le pays du Général de Gaulle, elle a provoqué l’hilarité de millions de français tant le capitaine Dumont a cherché, sans grande réussite, « la 7ème compagnie »

                Alors oui, la grande pluralité offerte par la comédie française est une grande chance et une formidable preuve de liberté artistique et culturelle, que nos réalisateurs ne se privent pas d’utiliser avec brio, ou parfois avec lourdeur et vulgarité. « A bras ouverts » ne s’en prend pas spécifiquement à la communauté rom. Il choisit plutôt de s’attaquer à cette cible facile que sont les bobos de gauche, à travers les clichés populaires que véhiculent parfois bien malheureusement les roms. Certes, le film n’est pas un chef-d’œuvre et ne rentrera pas dans les annales du cinéma français. Certes il n’égale pas les prodigieux « Visiteurs ». Mais, il a le mérite de nous proposer une certaine fraicheur et une petite bouffée d’oxygène dans un train-train quotidien souvent beaucoup trop sérieux, où le rire n’a pas toujours la place qu’il mériterait d’avoir. Alors oui, retrouvons le goût de la bonne vieille comédie française, pas très délicate, un peu (trop ?) porteuse de clichés, mais profondément rafraichissante pour nos esprits englués dans les soucis journaliers.

Auteur/autrice : Armelle D.

Etudiante en cinéma, je poste mes premières critiques cinémas, sur des films anciens , mais aussi des trucs plus récents. En bref, ce qui me vient à l'esprit

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