Sully

Réalisateur : Clint Eastwood

Date de sortie :

Pays : USA

Genre : Biopic

Durée : 96 minutes

Budget : 60 millions de dollars

Casting : Tom Hanks (Chesley « Sully » Sulenberger), Laura Linney (Lorrie Sulenberger), Aaron Eckhart (Jeff Skiles)

 

Chesley Sulenberger dit « Sully » est un héros. Le 14 janvier 2009 alors que le vol US Airways 1549 vient à peine de décoller, l’Airbus A320 subit une attaque aviaire, des oiseaux passent dans les réacteurs coupant les moteurs. Sully et son copilote Jeff n’ont que quelques secondes pour réagir. Le commandant prend alors une décision irréversible basculant sa vie et celles de ses passagers à tout jamais : amerrir sur l’Hudson ! Un geste héroïque salué par l’opinion publique mais dont les conséquences sur la carrière professionnelle de Sully auraient pu être catastrophiques, gâchant sa retraite et sa réputation.

 

Désormais aguerri aux biopics après American Sniper, Jersey Boys, ou encore J Edgar, Clint Eastwood aime dépeindre le portrait de héros américains. Des vies extraordinaires de personnes ordinaires qui par des décisions « folles » ont fait basculer leur destin et ceux des autres. Il livre ici une nouvelle histoire, bien racontée, avec en filigrane un plébiscite pour l’Amérique victorieuse et unifiée. Par le prisme de ce quinquagénaire ayant sauver 155 âmes grâce à son professionnalisme et en toute humilité, il adresse un message patriotique qui se manifeste tout au long du film. Outre les images de l’avion arborant fièrement le logo de la compagnie américaine, nous sommes clairement dans un fait divers national dont le ressenti n’as pas eu le même impact chez nous en France. Derrière le discours tenu par Sully prônant le côté collectif, car si l’exploit a été possible ce n’est pas seulement grâce à lui mais surtout à l’implication de tous, l’équipage, les passagers et les équipes de secours. Il se dégage un message de solidarité, ensemble tout est possible et l’union fait la force, une bien belle déclaration. Un positivisme que l’on a souvent trouvé absent dans les œuvres du réalisateur octogénaire. Il ne cache cependant pas une certaine forme de réalisme, Sully sait que les badauds aiment créer des héros aussi vite qu’ils aiment les descendre. Une angoisse profonde qui lui fait faire des cauchemars.

 

Visuellement Sully est réussi, les reconstitutions de l’amerrissage sont plus vraies que nature, les scènes de catastrophes issues des rêveries cauchemardesques et des moments d’égarement de Sully montrant l’avion s’écrasant dans les rues New York sont bouleversantes. De plus, la reconstitution fidèle de l’accident réussit à nous mettre à la place des ces pauvres voyageurs coincés sur les ailes de l’avion par un temps hivernal où les températures sont négatives. Le film souffre de moments inutiles, ou presque, car peu exploités, juste évoqués mais autant s’abstenir. Voir la jeunesse de Sully quand il est adolescent piloter un biplan ou le voir lors de sa formation dans un avion militaire n’a rien à faire dans l’évocation de ce drame. De plus, toute incidence sur sa vie privée, sur les conséquences d’une suspension ferme et définitive de sa pension, de ses primes et sur sa renommée est absente, ce qui est dommage. Nous avons juste un documentaire de luxe centré sur le fait en lui même et les répercussions immédiates. Autre faiblesse, le rythme. Si le début est mou et manque de dynamisme, alternant scènes d’interrogatoire et les moments de réflexion dans l’hôtel où il est parqué, l’histoire prend tout son sens et capte le spectateur au moment des flashbacks et du jugement. Même si la fin est déjà connue dès le départ, la narration permet de nous émouvoir et de nous intéresser jusqu’au bout.

 

L’atout majeur de ce documentaire haute gamme se payant le luxe d’avoir Clint Eastwood et Tom Hanks, ce sont justement ces deux noms là. Le réalisateur applique une mise en scène très classique mais maîtrisée tandis que l’acteur, sans se forcer, livre une prestation juste et convaincante. Sully c’est un peu lui, un titre habilement choisi pour instaurer une proximité immédiate avec le public, ce qu’incarne Tom Hanks, un acteur « monsieur tout le monde » ayant capitaliser sur cette image populaire tout au long de sa carrière. Sully est directement adopter par les new yorkais, son nom est donné à un cocktail, tout le monde le reconnaît dans la rue, l’apostrophe en le tutoyant, les employés de l’hôtel le serrent dans leurs bras et les jeunes femmes jouent les entremetteuses pour leur mère. Mais Sully est déphasé, il ne comprend pas ce qui lui arrive, n’arrivant pas à dormir et s’imaginant des scénarii dramatiques ravivant le spectre du 11 septembre. Paradoxalement, c’est un roc, il ne se laisse pas démonter lorsque les membres de la commission d’enquête tente de l’incriminer, modifiant les termes péjoratifs en argument en sa faveur et sachant répondre avec technicité aux questions épineuses. N’oublions pas le co-pilote, Jeffrey, interprété par Aaron Eckhart, est un vrai soutien et apporte une touche d’humour bien agréable dans ce film sérieux et lourd. Pour finir nous pouvons y voir également un message sur le facteur humain à l’origine de ce miracle face à celui de la machine. Un contraste qui a tendance à s’atténuer progressivement avec l’évolution de la technologie, pour le meilleur et pour le pire.

Une réflexion sur « Sully »

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