3615 bonheur


Etre geek devient tendance. La mode est à à ces gens passionnés de jeux vidéo. Considérés pendant longtemps comme des parias asociaux, aimant rester des heures devant leur écran d’ordinateur ou de télévision, la donne a changé, ils sont devenus "hype". Maintenant c’est moderne que de s’adonner aux plaisirs vidéo ludiques, de tâter de la manette, d’astiquer le joystick, de mettre des galettes numériques dans des monstres de puissance composés de circuits électriques. L’univers et l’industrie du jeu vidéo est une entreprise qui marche, certes, elle connait  la crise, mais avec une amplitude moins importante. Aujourd’hui, c’est dimanche et je fais part d’un coup de coeur pour le 3615 Usul. 

 

Qu’est ce donc ? Les fanas de jeux le connaissent déjà, mais pour les autres, il s’agit d’une web émission diffusée toutes les semaines sur le site de référence, jeuxvideo.com. Cette journée est particulièrement ennuyeuse, il n’y a rien à faire, les boutiques sont fermées et généralement, c’est prétexte à d’interminables repas de famille où les parents passent en revue le parcours scolaire, les amourettes et les problèmes existentiels de leurs bambins. Bref pas terrible, si on ajoute à cela  la messe, le Jour du Seigneur et Vivement Dimanche de Michel Drucker, il y a de quoi déprimer. Heureusement, tout n’est pas perdu, laissons les pilules de Lexomil dans le flacon, le dimanche il y a ce petit moment de bonheur. Cela ne dure que 7 minutes environ, mais ceci suffit pour égayer la journée, car une fois visionné, nous avons le sourire jusqu’à la fin de la journée. Présenté comme cela, un non initié pourrait croire à une nouvelle drogue… Et bien il n’aurait pas tort, une fois que l’on y a goûté on en devient dépendant. 

 

Le 3615 Usul, c’est une petite bande d’amis, férus de jeux vidéo, qui aborde avec humour et intelligence les différents aspects de ce monde merveilleux. Tout y passe, violence, censure, bagarre, introduction du format CD, scoring, les femmes, les fins, les musiques, etc. Chaque élément est analysé en profondeur et sérieusement par le prisme d’Usul, le protagoniste donnant son nom au programme. A ses côtés, on peut compter sur "le petit gros" Dorian. Il est, en quelque sorte, le souffre douleur dont Usul rappelle souvent le physique, quelque peu, disgracieux. Il incarne également Pierre Emile de Réac, un homme rabat joie, l’archétype même de celui qui aime décrier les jeux sans réellement y jour. 

 

Nous avons aussi Real Myope, grand, des lunettes, une casquette vissée sur la tête, un look parfait de geek, il donne la réplique à ses camarades quand cela est nécessaire. Usul a plusieurs personnalité. Premièrement, lui même, un homme sachant manier la langue Molière et échafauder des textes avec aisance, ensuite, son double ramolli du bulbe, un crétin parlant à une vitesse pouvant lasser un escargot, le dénommé Unul qui  tente sans cesse de lui piquer la vedette, puis il y a le fameux et le seul, le fin limier redouté de tous les criminels, celui qui rend jaloux l’inspecteur Derrick, le vénérable Inspecteur Moustache. Avec eux, on ne s’ennuie pas. Chaque épisode ressemble plus à un sketch divertissant et pédagogique dans ce décor composite un tantinet lynchien. On y trouve un minitel, un rideau, une lampe allumée, un cadre accroché au mur et un vieux téléphone. 

 

Quand l’occasion s’y prête, le tout est agrémenté d’extraits de jeux vidéo mettant en image les propos évoqués, rien de plus normal pour une émission centrée là-dessus. Le 3615 est un numéro d’urgence à composer en cas de passage à vide. On est mis en ligne avec des gens érudits, sachant de quoi ils parlent, aguerris à l’exercice. Des vidéos, cela fait des années qu’ils en postent, notamment sur Dailymotion. Nous avons le sentiment d’être dans de bonnes mains. Depuis que l’émission existe, le dimanche n’est plus un jour "pourri" mais un jour béni par des passionnés passionnants.